Communication
“Ne pas être présent sur la scène médiatique qu’en temps de crise”
Réuni en assemblée générale, le SDPF (syndicat des producteurs de fruits) de Maine-et-Loire s’est penché sur la question de l’image de l’arboriculture dans les médias.
Quelles stratégies de communication adopter pour valoriser l’image de l’agriculture ? Comment ne pas “subir” l’actualité quand on est pris dans un emballement médiatique comme celui qui a touché récemment les producteurs de concombre ? Les producteurs de fruits, réunis en assemblée générale lundi à Angers, ont essayé d’apporter quelques réponses à ces questions.
Fabrice Gasdon, journaliste indépendant, a pointé du doigt la multiplication des supports d’information entre les chaînes d’information en continu et les sites internet. Une multiplication qui peut parfois conduire à une surenchère. “Certains sites qui se disent d’information aujourd’hui ne sont pas alimentés par des journalistes. Le recoupement de l’information, une des règles de base du métier, n’est pas toujours appliqué et cela pose un vrai problème”.
Quelle stratégie adopter alors quand une filière se retrouve “involontairement” sous le feu de l’actualité ? Fabrice Gasdon estime qu’ en situation de crise, il ne faut pas “attendre que l’orage passe”. Il invite au contraire les producteurs à jouer la carte de la transparence et à montrer comment ils travaillent. D’une manière générale, le refus de communiquer peut se montrer contre-productif. “Le danger c’est d’être présent uniquement quand ça va mal, au moment des crises et ça, ça peut-être très pénalisant pour une filière”, souligne Fabrice Gasdon.
Une méconnaissance du métier
Comment l’interprofession gère-t-elle aujourd’hui l’après-crise du concombre ? “Interfel a obtenu des fonds pour regagner la confiance des consommateurs sur les légumes”, explique Juliette Tamboise, chargée de communication à Interfel. “Nous allons pouvoir prolonger cette opération sur les fruits d’été avec de la PLV (promotion sur les lieux de vente) dans les grandes surfaces, sur les marchés et chez les détaillants”. Des animations vont également être organisées sur le littoral tout l’été et une campagne radio s’apprête à être lancée. Interfel va également déposer un dossier auprès de l’Union européenne d’ici la fin de l’été afin de réaliser une campagne plus vaste qui mettrait en lumière toute la chaîne des fruits et légumes frais. En matière de communication, l’argent reste bien sûr le nerf de la guerre. “Quand l’interprofession est seule, nous n’avons pas une force de frappe suffisante, faute de moyens. Aussi nous guettons toutes les opportunités de cofinancement”, explique Juliette Tamboise.
Bruno Dupont note également que toutes les filières agricoles ne bénéficient pas du même traitement médiatique. “La crise que la profession arboricole a connu en 2009 n’a pas fait la une des journaux”, remarque-t-il. Juliette Tamboise acquiesce : “Dans l’imaginaire collectif, les fruits poussent tous seuls. Il y a une vraie méconnaissance du métier”.
Dans un monde médiatique en pleine transformation, les histoires d’hommes et de femmes continuent, elles, à intéresser le grand public. Une entrée en matière pour parler positivement du métier que la profession doit continuer à explorer.
Delphine Jégo
Interview : Bruno Dupont, PRÉSIDENT DE LA FDPF et de la FNPF
En avance, la récolte va démarrer sur les chapeaux de roue
En quoi les conditions climatiques vont-elles impacter la récolte ?
Bruno Dupont : La récolte va démarrer le 8 août en Gala dans le Saumurois, avec trois semaines d’avance. C’est une première, nous n’avons jamais vu ça. Les fruits n’ont pas souffert, bien au contraire : le phénomène de chaleur précoce en avril a accéléré la floraison et l’ensoleillement a permis aux fruits de développer toutes leurs qualités gustatives. Nous avons un produit exceptionnel, sucré et ferme.
La récolte s’annonce donc bien ?
Si les conditions météo ont été plutôt favorables à la production, la date avancée de la récolte soulève un certain nombre d’interrogations chez les producteurs. Beaucoup de saisonniers ne sont disponibles qu’à partir du 15 août et il sera très difficile de recruter les étudiants avant cette date. Si les fortes chaleurs se maintiennent en juillet, la maturité risque encore de s’accélérer, cela signifie qu’il faudra récolter vite et qu’il faudra donc beaucoup de main-d’œuvre dès le début de la récolte. Il y a d’autres inconnues : comment les fruits vont supporter d’être mis au froid plus tôt ? La commercialisation va elle aussi être avancée : elle débutera fin août contre mi-septembre habituellement. Nous risquons de nous retrouver en concurrence avec les fruits d’été.
Et comment se présentent les cours ?
La campagne se termine bien : les stocks sont vides et il y a une demande avec des prix très honorables.
La campagne 2011 s’annonce donc plutôt sous de bons auspices.
Qu’en est-il des fruits d’été ?
La filière est en pleine crise, avec des prix défiants toute concurrence sur des produits d’importation comme la pêche et la nectarine. On voit des prix à 0,70 centimes, alors que le prix de rentabilité est à 1,20 euro. Mais la situation doit se régler au niveau européen, car c’est la crise du concombre qui a entraîné la fermeture d’un certain nombre de marchés. L’Espagne déverse toute sa production sur la France, sans prix de départ. La profession se mobilise : les producteurs vont manifester dans les prochains jours.