Viande bovine
« Nous ne parlerons pas de campagne électorale mais de politique… »
La section spécialisée de la FDSEA part en “campagne”. Elle organise des réunions d’information à travers tout le département. Première rencontre prévue lundi soir à Segré.
section bovine de Maine-et-Loire, et Pierre Chevalier, président de la FNB, accueillent le
ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire.
Le congrès de la FNB (Fédé-ration nationale bovine) qui se tenait à Angers les 3 et 4 février derniers a tracé les grandes lignes du travail syndical à conduire dans les mois qui viennent.
Pour les responsables viande bovine départementaux, le temps de la mobilisation a sonné. Lors d’une tournée régionale (voir calendrier ci-dessous) qui débute lundi à Segré, un cadre de travail sur trois thèmes sera proposé aux éleveurs :
- la défense du revenu par des actions à court, moyen et long termes ;
- la défense de l’élevage, fortement attaqué par des lobbies anti-viande ;
- l’aménagement du territoire par la défense de l’économie locale et de l’emploi sur tout le territoire.
« Redéfinir une politique agricole ambitieuse »
« Dans ces réunions régionales, nous ne parlerons pas de campagne électorale mais de politique », dit en préambule Mickaël Bazantay, président de la section bovine du Maine-et-Loire. Qu’on ne se méprenne pas. Derrière cette boutade, le responsable professionnel affiche une vraie détermination. « L’Europe, et à sa tête les pouvoirs publics français, doit redé-finir une politique agricole ambitieuse, non seulement dans les discours, mais surtout par des actes concrets. Nous avons besoin d’une politique d’organisation de la production de viande bovine soutenue par les pouvoirs publics. À la FNB, nous avons un programme, il nous faut le faire partager, le valider puis l’appliquer. Et ça, c’est l’affaire de tous les producteurs de bovins. ».
Pour lui un accord à l’OMC sur les bases actuellement négociées par les représentants européens serait une tromperie tant pour les producteurs que pour les consommateurs et les citoyens. En Europe, les élevages doivent répondre à des normes sanitaires, de traçabilité, de bien-être animal et environnemental qui provoquent des surcoûts. Ces mêmes normes ne sont nullement imposées aux produits importés qui sont, de fait, plus compétitifs mais sans les mêmes garanties pour les consommateurs/citoyens européens.
« Voulons-nous des produits de proximité garantis ? Défendons- nous l’aménagement du territoire par des emplois et de l’économie sur tout le territoire ? Souhaitons-nous garantir notre approvisionnement alimentaire en qualité et en quantité ? », assène-t-il.
Mais l’Europe ne serait pas la seule coupable selon le responsable syndical : « Au-delà des règles européennes, les ministères de l’Écologie et de l’Agriculture ne sont pas avares de règles franco-françaises, BCAE herbe… et contrôles toujours plus tatillons, tout en nous demandant toujours plus de compétitivité. Ces ministères sont plus sensibles aux lobbies anti-viande qui font une forte pression médiatique, qu’aux emplois induits par les productions agricoles et agroalimentaires », déplore-t-il. Ces lobbies dénoncent en effet les coûts environnementaux en carbone de la viande mais prônent en même temps le maintien de l’herbe. « Mais qui maintiendra l’herbe s’il n’y a plus d’élevage pour la valoriser ?», interroge Mickaël Bazantay. Pour les éleveurs la coupe est pleine.
Ce ras-le-bol s’explique d’autant mieux que ces mesures nouvelles n’apportent rien de plus, en terme environnemental, aux règles déjà existantes depuis 2005 et viennent s’ajouter à la frustration de producteurs victimes d’une baisse de revenu durant trois années consécutives. Pour autant, Mickaël Bazantay ne s’adresse pas qu’aux pouvoirs publics.
« Regrouper l’offre et l’adapter à la demande »
En terme de revenu, il se retourne plus volontiers vers les entreprises et la grande distribution à qui il reproche des marges inadmissibles mais cachées par un manque de transparence des transactions commerciales et ce, au détriment des producteurs et des consommateurs.
Pour le secteur production, il martèle l’idée de redéfinir l’organisation de la production. « Les entreprises de la transformation et de la
distribution ont su s’organiser. Nous ne pourrons retrouver un pouvoir de négociation suffisant que si, et seulement si, nous sommes capables de regrouper l’offre et de l’adapter à la demande. La grande distribution a su créer des plates-formes d’achat. À nous d’organiser des plates-formes de vente pour certaines grandes catégories de bovins finis. Le débat du congrès national a ouvert des pistes de travail, nous devons maintenant convaincre un maximum d’éleveurs d’entrer dans la démarche de la contractualisation qui garantit aux entreprises leur approvisionnement et aux éleveurs un revenu. » Les responsables syndicaux invitent tous les éleveurs qui souhaitent débattre de ces sujets aux réunions programmées.
Sylvain Daury, FDSEA
(lire aussi en page 2)
Expression
Quelles perspectives pour les producteurs de viande bovine ?
À la suite du Congrès de la Fédération nationale bovine et du contexte économique difficile, la section bovine de la FDSEA a décidé d’une tournée régionale pour faire le point sur les dossiers d’actualité et les perspectives de la filière. Nous verrons tout d’abord la situation économique des éleveurs et la mise en œuvre du Plan Sarkozy puis nous examinerons les marchés de la viande bovine en France et en Europe. Enfin, nous aborderons les pistes d’amélioration proposées au congrès de la FNB sur la gestion de l’offre et les intérêts de la
contractualisation.
Il faut que nous soyons rassemblés et le plus grand nombre possible pour pouvoir peser sur la balance commerciale et organiser au mieux nos filières. Elles ne doivent plus être soumises et écrasées mais s’inscrire dans un projet gagnant-gagnant en
régulant les marchés.
Cette tournée régionale doit être l’occasion d’un débat enrichi par les idées et les réflexions de chacun. Pour cela, il faut que nous soyons nombreux.
Maxime Lambert,
Président du CCJA de Pouancé
Coresponsable du dossier viande