Interview
« Nous prévoyons une dégradation de trésorerie estimée à 310 €/truie pour les 6 prochains mois »
Mickaël Guilloux, président de la section porcine de la FRSEA Pays de la Loire
Mickaël Guilloux, président de la section porcine de la FRSEA Pays de la Loire
Fin janvier, le ministre de l’Agriculture a annoncé le déblocage de trois dispositifs d'aides d'urgence afin de soutenir les élevages porcins, en proie à une crise « inédite ».
Qu’en est-il plus précisément de la situation des élevages ?
Depuis plusieurs mois, la hausse des matières premières utilisées en alimentation animale a provoqué une augmentation très significative du coût de production pour tous les éleveurs et particulièrement en filière porcine. Cette orientation est totalement à l’opposé de la baisse du prix du porc qui stagne à 1,25€/kg depuis le début de l’année.
Ce décrochage de prix accompagné de la hausse du prix de l’aliment a un effet catastrophique sur les capacités financières de nombreux éleveurs et par répercussion, sur le potentiel de production dans les mois à venir. Le manque de trésorerie est ainsi évalué à 30 € par porc, soit une dégradation de trésorerie estimée à 310€/truie pour les 6 prochains mois.
Comment seront mis en place les dispositifs d’aides annoncés par le Ministre ?
Dès octobre 2021, nous avons alerté la Draaf et les préfets sur cette situation et demandé la mise en place de cellules de crise. Ces cellules de crise regroupant les banques, centres de gestion, groupements, administration… se sont réunies dans chacun des départements de la région afin d’échanger sur la situation des éleveurs et sur la mise en œuvre des aides d’urgence annoncées fin janvier par le ministre. Concernant l’aide d’urgence à la trésorerie (enveloppe de 75 M d'€), les formulaires de demande seront transmis par les DDT dans les jours à venir.
Cependant nous invitons d’ores et déjà les éleveurs à prendre contact auprès de leur centre de gestion afin de préparer les éléments comptables et la situation de la trésorerie, mais aussi de faire un prévisionnel à 6 – 12 mois. Nous invitons également les éleveurs à se signaler à la MSA afin de mettre en place si nécessaire un plan de paiement des cotisations.
La loi Egalim2 peut-elle être une réponse à la situation actuelle de la production porcine ?
Le déblocage de ces aides est une première réponse à la crise actuelle mais elles sont loin d’être à la hauteur des pertes subies dans les élevages depuis plusieurs mois déjà.
Il est donc maintenant urgent que la filière se structure et mette en application la loi Egalim2. La réponse à la flambée des coûts qui met à mal la santé financière des exploitations doit nécessairement passer par leur prise en compte dans les coûts de production et donc par la mécanique de fixation du prix telle qu’instituée par la loi EGAlim 2.
EGAlim2, permet aujourd’hui de disposer d’outils, il est urgent de les mettre en place ! Cette loi s’applique depuis le 1er janvier 2022 aux porcs mâles castrés. Certes elle bouleverse les habitudes des différents acteurs de la filière mais comme tout changement cela nécessite de se saisir de nouveaux mécanismes nécessaires pour faire avancer l’ensemble de la filière.
La mise en œuvre rapide de ce nouvel outil est nécessaire pour donner de la visibilité aux producteurs.