Économie
Nouvelle baisse pour le revenu agricole départemental
La tendance amorcée dans le département se poursuit, avec un recul de 4 % du résultat courant en 2010. C’est ce que révèle l’étude de la Chambre d’agriculture et l’AS49.
Après la spectaculaire dégringolade de l’an passé (- 32 %), le revenu agricole départemental a enregistré une nouvelle baisse en 2010. Il atteint 12 154 euros par UTA, contre 12 619 euros en 2009. Si la détérioration est limitée (- 4 %), le résultat moyen atteint le niveau le plus bas observé depuis dix ans. C’est ce que révèle l’étude réalisée par la Chambre d’agriculture et l’AS49* auprès d’un échantillon de 1 140 exploitations. “Le résultat est une nouvelle fois en baisse. Cela illustre les difficultés que traversent les agriculteurs et le contexte très fluctuant dans lequel nous sommes”, souligne Laurent Lelore, président du Pôle conseil aux entreprise à la Chambre d’agriculture. L’évolution baissière sur les trois dernières années traduit en effet la mutation que connaît l’agriculture avec une forte instabilité des revenus, conséquence des réformes successives de la Pac.
Malgré la baisse du résultat courant, le capital d’exploitation par UTA continue à augmenter (+ 2,6 %). Une progression constante ces dernières années qui suscite des inquiétudes : “c’est préoccupant car cela complique les installations”, note Jean-Paul Piet, président d’AS49.
Situation tendue en viande bovine et en arboriculture
Les résultats sont très contrastés en fonction des productions. La situation est particulièrement délicate en viande bovine : “le niveau est bas depuis trois ans. La prochaine campagne s’annonce avec une hausse du coût des matières premières liée à la sécheresse”, remarque Laurent Lelore. “Certains ont déjà fait le choix de la décapitalisation et aujourd’hui un plus grand nombre d’éleveurs se posent cette question”. Même sonnette d’alarme en arboriculture : “C’est la 4e année en dix ans que cette production enregistre des résultats négatifs. Dont deux années consécutives de baisses très fortes. La production arboricole du département est en passe d’être délocalisée alors qu’elle était très dynamique.”
Des marges de progrès possibles
La question du revenu reste donc épineuse et parfois… douloureuse. 60 % des exploitations ont un revenu inférieur à 15 000 euros et 36 % à moins de 7 500 euros. “Un revenu à 12 000 euros, c’est insuffisant. Un exploitant doit pouvoir rembourser les capitaux engagés, financer son développement et rémunérer son travail”, souligne Jean-Paul-Piet. Décapitalisation pour faire face à des dettes, retards d’investissements, stagnation, voire effritement du prélèvement privé : l’étau se resserre pour certains exploitants. “Il y a peu de catégories socio-professionnelles où on serait prêt à faire les sacrifices que font certains agriculteurs pour continuer à l’être”, estime Laurent Lelore.
Si la situation est préoccupante, l’heure n’est cependant pas au fatalisme : les écarts importants observés au sein même de certaines productions laissent entrevoir des pistes d’action. “Il y a des marges de progrès sur les résultats technico-économiques. On continue à aider les agriculteurs pour redonner de la cohérence à certaines exploitations” explique Laurent Lelore. “L’objectif, c’est de tout faire pour amener le maximum d’exploitants possibles dans le quart supérieur des résultats”.
D.J.
*Avec le concours du Cefiga 72 pour compléter certains groupes (arboriculture, porcs, volailles, lapins, maraîchage et horticulture)
Résultats par production
Les résultats 2010 sont élaborés à partir de la mise en commun des banques de données de la Chambre d’agriculture de d’AS49. Sur 1 650 exploitations suivies en comptabilité, 1 142 (dont 102 suivies par le Cefiga 72) ont été extraites pour constituer un échantillon fiable et représentatif de 12 systèmes de production.
Retrouvez ces résultats sur l'Anjou Agricole du 15 juillet, par production.