Oeufs contaminés : des livraisons arrivées jusqu'en France
Après la Belgique, l'Allemagne, les Pays Bas, la Suède, le Royaume Uni et la Suisse, c'est au tour de la France d'être touchée par l'affaire des oeufs contaminés au fipronil.
Dans un communiqué du 7 août, le ministère de l'Agriculture rapporte que « les autorités européennes ont informé la France le 5 août en fin d'après-midi et le 6 août, que 13 lots d’œufs contaminés (au fipronil, ndlr) en provenance des Pays Bas avaient été livrés à deux établissements de fabrication d’ovoproduits de la Vienne et du Maine-et-Loire entre le 11 et le 26 juillet 2017 ». Le ministère n'est pas en mesure de dire dans l'immédiat si les produits incriminés s'étaient retrouvés dans le commerce et en quelle quantité, alors qu'une enquête est en cours. Il rappelle par ailleurs que « la présence de traces de fipronil ne constitue pas en soi un risque ; seules les analyses engagées permettront de déterminer si le niveau de contamination de ces produits est susceptible de présenter un risque pour la consommation ». Le ministère annonce toutefois une saisie de l’Anses « pour obtenir un avis sur les risques pour la santé humaine liés à l’ingestion d’œufs ou de produits contaminés par le fipronil ». Le 20 juillet dernier, les autorités belges ont informé la Commission européenne que des taux élevés de fipronil avaient été mis en évidence dans des œufs et des viandes de volailles (conventionnels et bio), en lien avec l'utilisation d'un antiparasitaire falsifié.
Les Pays-Bas abattent, la Belgique promet la « transparence »
Après s'être déclarée aux Pays-Bas, la crise des oeufs contaminés se propage en Allemagne, en Suisse et en Suède, où des millions d'oeufs provenant des Pays-Bas ont été rappelés et détruits. Certains éleveurs néerlandais ont commencé à détruire leur cheptel. Un à plusieurs millions de poules pondeuses pourraient être abattues si les éleveurs estiment qu'il n'est plus rentable de les maintenir en vie, faute de débouchés pour les oeufs, a prévenu l'organisation agricole néerlandaise LTO le 6 août. Le gouvernement de La Haye a promis un plan d'aide d'urgence alors que le secteur estime déjà les pertes à « plusieurs millions d'euros ». Aux Pays-Bas comme en Belgique, des enquêtes pénales sont en cours sur l'utilisation frauduleuse du fipronil. Dans le collimateur des enquêteurs, la société néerlandaise spécialisée dans la désinfection d'élevages ChickFriend, et son fournisseur belge Poultry-Vision, selon les médias. En Belgique, 57 sociétés, représentant 86 poulaillers, sont suspectées d'être contaminées, soit un quart des 210 élevages de poules pondeuses du pays. Le 5 août, l'Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) a reconnu qu'elle avait connaissance depuis juin d'un « problème de fipronil dans le secteur avicole », mais elle n'en a informé les pays voisins, par un système d'alerte européen, que le 20 juillet. L'Afsca explique cette discrétion, qui ne l'a apparemment pas empêchée de faire retirer des oeufs de certains supermarchés en juillet, par le fait qu'elle était tenue de respecter le « secret de l'instruction ». Le ministre de l'Agriculture belge a commandé un « rapport circonstancié » sous 48 heures à l'Afsca et promis de « faire la transparence la plus complète ».