Lait
Prix du lait : décrochages en série
Depuis le début de l’année, le prix du lait est en baisse. Réactions des FDSEA.
Depuis le début de l’année les producteurs de lait français voient leurs entreprises tenter de justifier leur politique de baisse de prix plus ou moins importante. La première laiterie qui a provoqué la stupeur chez ses producteurs a été Terra Lacta (ex Glac) et ce aussi bien en lait de vache qu’en lait de chèvre. Les réactions des producteurs se multiplient actuellement : rencontres avec les représentants syndicaux des FDSEA Poitou-Charentes, Vendée et Maine-et-Loire ou manifestations comme le 6 septembre lors du conseil d’administration.
De manière plus insidieuse car mieux argumentée auprès de ses producteurs et surtout caché derrière une évolution de sa flexibilité, Lactalis a baissé son prix en deux fois. Une première tranche en début d’année et une deuxième en juillet réduisant ainsi son prix réel de presque 2 euros sur l’ensemble de l’année.
Guerre des prix entre entreprises et distribution
Et voilà que les producteurs de Sodiaal, première coopérative laitière française, apprennent dans un courrier récent qu’ils subiront à leur tour une baisse de 5 euros dès le mois de septembre et ce jusqu’en décembre sauf si… le prix de vente des entreprises s’améliore. Il faut dire que la guerre des prix entre les entreprises et la distribution est particulièrement dure. Leclerc n’a pas cédé au bras de fer engagé par Lactalis, Sodiaal a dû céder sur ses prix face aux concurrents allemands, depuis repris par une entreprise danoise pour cause de difficultés. Bilan des courses une valorisation très dégradée sur l’ensemble de la filière “lait de consommation” et la note à payer est retournée aux producteurs.
Les responsables lait des FDSEA de la Mayenne, du Maine-et-Loire et de la Sarthe ont dénoncé, au cours d’une rencontre mardi 4 septembre au siège de Sodiaal au Mans, cette fuite en avant. “Si nous comprenons que le contexte économique actuel n’est pas simple pour les entreprises, nous considérons que cette baisse qui arrive au moment où le marché des produits laitiers s’améliore, est un mauvais signe aux producteurs déjà suffisamment découragés par une période difficile pour l’élevage et un prix du lait en baisse depuis le printemps. Nous sommes en droit d’attendre un message plus positif de la part de la plus grande coopérative laitière française” a affirmé Pascal Clément, président de la section lait de la FRSEAO.
“Les producteurs qui subissent des hausses colossales sur les matières premières ne peuvent pas supporter de baisse supplémentaire. Au contraire une hausse du prix du lait est indispensable dans les mois à venir pour nous redonner des perspectives et ainsi éviter des abandons de production. Malgré cette crise, il ne faut pas oublier que la production laitière a de bonnes perspectives, encore faut-il mieux gérer les périodes délicates afin de ne pas perdre à chaque fois plus de producteurs” confirme Alain Cholet président de la FDL du Maine-et-Loire. La coopérative a été avertie d’un risque de réaction vigoureux des producteurs dans les jours à venir.
Ces politiques de baisse de prix sont d’autant plus incompréhensibles que les entreprises et les producteurs dénoncent les abus de la distribution et demandent la réouverture des négociations tarifaires. L’élevage, en grande difficulté dû aux hausses des matières premières, n’avait pas besoin de ce combat fratricide entre les laiteries. Les producteurs du Maine-et-Loire écouteront avec d’autant plus d’attention les réactions de Thierry Roquefeuil, président de la FNPL lors de sa venue au Lion d’Angers lundi soir (voir p. 4).