Produire des fruits à coque bio, un vrai casse-tête
A Juvardeil, Paul Gautreau cultive des noix et des noisettes en agriculture biologique. Et ce n’est pas une mince affaire.
A Juvardeil, Paul Gautreau cultive des noix et des noisettes en agriculture biologique. Et ce n’est pas une mince affaire.
L’histoire de l’exploitation de Paul Gautreau commence par un sauvetage. En 2009, ce commercial en systèmes d’irrigation agricole a repris, in extremis, une noyeraie de 12,5 ha d’un seul tenant. « Le propriétaire avait commencé à arracher les arbres, qui avaient, certains, 45 ans, raconte-t-il. J’ai repris le site, qu’il a fallu débroussailler, et je l’ai remis en état ». Un bâtiment a ensuite été construit, et des noisetiers ont été plantés.
Pendant 5 ans, Paul Gautreau a conservé son emploi salarié à côté, rachetant aussi quelques petites noiseraies en Maine-et-Loire. « Mes compétences commerciales m’ont beaucoup aidé pour lancer cette activité. Je ne passe pas du tout par des grossistes ». Produire en bio était « une évidence » pour Paul Gautreau, mais ce choix n’a rien de simple. « On n’a pas de suivi technique en fruits à coque, on est seul ». Le nuciculteur a pris le parti de « laisser le sol vivre ». Il se passe des rares produits qui sont autorisés en agriculture biologique, notamment un produit utilisable pour lutter contre la mouche du brou. Cette mouche touche surtout les noyers sauvages mais moins les noyers de variété Franquette, qui forment la majorité de sa noyeraie. « Pour les noyers, j’apporte juste de la nourriture à l’arbre, sous forme de fumier composté ».
L’arboriculteur réalise aussi des couverts dans les inter-rangs, composés d’un mélange de féverole, de vesce, de triticale et d’avoine, de manière à apporter de la matière organique et de l’azote. Ce mélange est coupé, broyé et laissé sur place au printemps. Malgré l’âge de ses noyers, certains atteignant 60 ans, il obtient des rendements « assez honnêtes ». Ils sont de 1,5 à 2 tonnes/ha.
Des poules dans les noisetiers
La culture de noisettes n’en est, elle, qu’aux prémices, puisque sur les 5,5 ha plantés, 1,5 ha sont en production aujourd’hui. « Le gros souci, sur la noisette, c’est le balanin, un insecte dont les larves creusent des trous dans la coque des noisettes. Il peut endommager jusqu’à 80 % des fruits », résume Paul Gautreau. Aucun produits bio n’est homologué, aucun piégeage possible. Pour tenter de lutter contre ce ravageur, l’arboriculteur a mis des poules dans le verger. Une race rustique, en voie de disparition, la Noire de Janzé, qui se charge de manger les insectes. « Elles grimpent dans les arbres ». L’arboriculteur espère ainsi faire baisser la pression des balanins, même si rien n’est gagné : « le ver se nourrit dans la noisette et part s’enterrer à 8 cm de profondeur, où il se met en pause entre 1 et 5 ans et ressort en fonction des conditions climatiques ! On s’interroge sur un travail du sol qui délogerait les vers, que les poules viendraient consommer ». Une petite bête qui complique donc beaucoup la culture de noisettes et qui explique la rareté des exploitations en AB.
S.H.