Para-agricole
Profession, pédicure
Le métier de pédicure bovin s'est beaucoup développé ces dernières années, et s'est féminisé. Rencontre avec Pauline Calvelli, salariée chez MSB.
Le métier de pédicure bovin s'est beaucoup développé ces dernières années, et s'est féminisé. Rencontre avec Pauline Calvelli, salariée chez MSB.
Quel est votre parcours ?
Je suis née près de Marseille, pas du tout dans le milieu agricole. J'ai toujours eu une appétence pour les animaux, les vaches laitières en particulier. J'allais en vacances chez une tante dans les Pyrénées et j'allais souvent voir les vaches du voisin. J'ai passé un bac agricole, puis un BTS productions animales et un CS lait. J'ai été apprentie dans une ferme laitière, et c'est là que j'ai découvert le métier de pédicure bovin.
Comment devient-on pédicure bovin ?
J'ai suivi une formation, au CFPPA du Rheu, en Bretagne. Ensuite j'ai commencé à travailler à MSB, en binôme pendant 6 mois avec un pédicure expérimenté. Après, je me suis lancée seule, avec un petit nombre de vaches au départ, puis des lots de plus en plus importants. Il est aussi possible de se former en interne à MSB, ce que font la plupart des nouveaux arrivants.
Qu'aimez-vous dans ce métier ?
Le fait d'être en contact avec les animaux et d'échanger tous les jours avec des éleveurs. C'est une profession qui offre aussi pas mal d'autonomie. J'aime le côté technique : il faut acquérir un savoir-faire, être attentionné, méticuleux, précis, car on travaille avec des outils très tranchants. On intervient sur un animal qui a une certaine valeur, et il n'y a qu'un centimètre de corne sous le pied ! Et avant tout, je trouve très satisfaisant de contribuer au bien-être de la vache.
Comment s'organise votre métier ? Intervenez-vous en curatif ou en préventif ?
Basée dans les Mauges, j'interviens sur ce secteur et un peu en Vendée et en Loire-Atlantique, en bovins lait en majorité. Il arrive que des éleveurs m'appellent pour une vache en urgence, mais souvent ils programment un chantier pour un lot d'animaux. Chaque pédicure dispose d'une cage de contention attelée sur le véhicule de service. Nos outils de travail, ce sont la meuleuse et la rénette.
Le travail consiste à rééquilibrer les charges entre les deux onglons. On fait aussi des pansements et on pose, quand c'est nécessaire, des talonnettes en bois sur l'onglon sain pour soulager l'onglon abîmé. Nous poussons beaucoup les éleveurs à faire du préventif, et les habitudes évoluent. Par rapport à il y a 10 ans, de plus en plus de fermes nous sollicitent plusieurs fois par an. Les éleveurs voient bien l'intérêt du parage, à la fois d'un point de vue du bien-être animal et d'un point de vue économique. Une vache qui boite coûte très cher ! Elle perd de l'état, produit moins et cela peut aller jusqu'à la réforme.
Vous avez aussi un rôle de conseil auprès des éleveurs ?
Oui, ils sont en général en demande. L'avantage, lorsqu'on soulève les pieds des vaches, on voit des lésions qui peuvent nous orienter vers certaines pathologies. Énormément de facteurs jouent sur la santé des pieds : les conditions d'élevage, l'état des accès au pâturage, l'hygiène, l'alimentation et les maladies contagieuses, comme la mortellaro, présente dans quasiment toutes les fermes laitières. Les situations sont diverses : il y a des vaches que l'on va voir 3 fois dans l'année, d'autres une seule fois et cela va suffire, et d'autres, jamais. Le système de production n'est pas déterminant : des vaches qui pâturent peuvent avoir des boiteries et des vaches qui ne sortent jamais peuvent n'avoir aucun souci particulier !
Vous avez beaucoup de collègues femmes ?
Lorsque j'ai commencé il y a 10 ans, nous n'étions que 2 femmes. Puis j'ai été la seule femme pendant un moment et ensuite, beaucoup de jeunes filles ont commencé à postuler et à présent les dernières recrues sont en majorité féminines. Au départ, il y avait un certain étonnement chez les agriculteurs, mais ce n'est plus trop le cas aujourd'hui. Les métiers du para-agricole emploient de plus en plus de femmes, comme des vétérinaires, des inséminatrices... Le parage reste un métier physique, répétitif, et où il ne faut pas avoir peur de se salir. L'évolution des cages de contention a été pour beaucoup dans l'accessibilité du métier aux femmes. Les cages actuelles se déplacent grâce à un moteur. Tout est manipulable automatiquement par un système hydraulique, on appuie sur des boutons. Les cages sont plus sécurisées qu'avant, ce qui limite et la fatigue physique et le risque de coups de pieds. Avec l'aide de l'éleveur, qui pousse l'animal vers la cage, on gagne beaucoup de temps sur les chantiers.