Space
Redresser les prix pour faire face aux coûts de production
Jean-Michel Serres* réagit aux déclarations de Bruno Le maire, lors du Space.
Si le président de la FNP a accueilli favorablement le plan de développement de la filière porcine annoncé par le ministre de l’Agriculture, il estime que la priorité des priorités est d’abord le redressement des prix pour faire face au renchérissement des coûts de production.
Comment avez-vous accueilli les propos de Bruno Le Maire sur la filière porcine ?
Jean-Michel Serres : En matière de mise aux normes “bien être”, nous avions demandé un report de la date d’application. J’observe qu’il n’y aura pas de report mais que le gouvernement consent en contrepartie un effort significatif en augmentant le soutien financier aux éleveurs. Cela va donner un encouragement aux producteurs de porcs.
Sur les installations classées ?
Le diable se cache souvent dans les détails. J’espère que le ministre a la même lecture que nous des règles européennes en matière de seuil d’autorisation lorsqu’il y a regroupement des exploitations. Ce seuil ne doit s’appliquer qu’au-delà de 2 000 porcs supplémentaires. J’espère que le décret à paraître répondra à nos attentes et je ne cache pas que nous avons besoin d’éclaircissements là-dessus. Quant à l’engagement du ministre de respecter le nouveau délai d’instruction de un an, cela va bien entendu dans le bon sens. Nous veillerons, en ce qui nous concerne, à ce qu’il ne soit pas dépassé.
Êtes-vous satisfait de l’accord de la charcuterie salaison de soutenir la démarche VPF ?
Bien entendu, c’est un premier pas. Mais ce n’est pas suffisant. La Fédération des industries de la charcuterie-salaison doit aller plus loin et identifier l’origine de leurs produits, notamment quand la matière première vient d’ailleurs. VPF et l’identification d’origine sont les seuls moyens susceptibles d’apporter une meilleure valorisation à la production nationale. Nous estimons qu’elle devrait être de 20 centimes par kilo de carcasse et qu’elle devrait figurer en pied de facture pour être clairement identifiée, et qu’elle remonte au producteur.
Les mesures annoncées par le ministre sont-elles suffisantes pour redonner le moral aux éleveurs ?
Les perspectives pour la conjoncture à venir ne sont pas encourageantes, et avec l’augmentation du prix des matières premières végétales qui se répercute sur l’aliment, il va manquer 100 à 110 millions d’euros le prochain trimestre, soit 20 centimes/kg de carcasse dans la trésorerie des éleveurs. Et autant les trimestres suivants si la situation perdure. Sans revalorisation significative des prix à la production, les mesures annoncées n’auront aucun effet. La question qui est aujourd’hui posée est la pérennité des éleveurs et des élevages en France dans les mois qui viennent.
PROPOS recueillis
par Actuagri
* Président de la Fédération nationale porcine.