Cultures
Rendements attendus en baisse après une campagne laborieuse
En raison d'une pluviométrie exceptionnelle depuis le mois d'octobre, les agriculteurs ont implanté environ 20% de moins de céréales d'hiver que prévu. Tour de plaine avant les moissons, après une campagne marquée par une conduite de culture compliquée...
En raison d'une pluviométrie exceptionnelle depuis le mois d'octobre, les agriculteurs ont implanté environ 20% de moins de céréales d'hiver que prévu. Tour de plaine avant les moissons, après une campagne marquée par une conduite de culture compliquée...
"C'est la première fois que je n'arrive pas à implanter mes céréales d'hiver. Sur 16 ha d'orge et de blé prévus, je n'ai rien pu semer, témoigne cet agriculteur du Chemillois. Nous sommes 2 sur 4, dans le groupe ensilage de la Cuma, à n'avoir aucune surface implantée". Pour ce polyculteur-éleveur, impossible de travailler sur des parcelles "très sableuses, sans fond, dans lesquelles on s'enfonce". Une situation qui n'est pas isolée. Samuel Guis, conseiller agronomie en grandes cultures à la Chambre d'agriculture, estime "qu'environ 80 % des semis d'automne seulement ont pu être réalisés dans le département, avec des situations très disparates en fonction des secteurs et même des communes".
Report sur des semis de printemps
Le report s'est fait sur des cultures printanières, quand cela a été possible. "Ce qui n'a pas été semé a été remplacé en partie par des céréales de printemps, principalement de l'orge", indique-t-il. En colza, 95 % des surfaces ont pu être semées, mais en revanche beaucoup de parcelles ont dû être détruites en raison de l'humidité.
Les orges pourraient commencer à être battues en fin de semaine prochaine, si le temps chaud annoncé se confirme, et les blés, vers le 14 juillet. "Il ne faut pas s'attendre à des rendements très élevés, mais on devrait s'en sortir. Les orges sont bien gonflés par la pluie, en revanche on pourrait manquer de poids spécifique en raison du déficit d'ensoleillement", note Samuel Guis.
Conduite coûteuse
Ils ont, eux, réussi à tout implanter mais des rendements en baisse sont attendus à l'élevage les Prés d'Anjou, à La Jaille-Yvon. "En moyenne décennale, on fait ici 73 à 75 qx/ha, or cette année on vise les 50 à 60 qx/ha en moyenne", estime Jean-Benoit Boivin, associé avec son frère Charles-Antoine. Sur les 80 ha de blé semés, 4 ha environ se sont mal implantés et n'ont quasiment pas poussé. Il n'a même pas été possible de resemer en maïs. Avec les conditions météo qui se sont imposées depuis octobre, la conduite du blé s'est révélée compliquée et coûteuse, relate Jean-Benoit Boivin : "il a fallu deux désherbages, en décembre et en février, pour environ 100 €/ha au total. J'ai dû faire aussi deux apports de fongicides, à raison de 30 à 40 €/ha pour chaque passage. J'ai apporté un peu moins de fertilisation azotée que d'habitude, 130 u/ha". La pression fongique a été assez forte, surtout sur la variété KWS Ultim, très touchée par la septoriose.
L'assurance récolte bienvenue
Chez Jérémie Guémas, au Louroux-Béconnais, la mise en place des cultures à l'automne a été fortement perturbée. Sur les 90 ha de cultures de vente que réalise normalement l'exploitation, 40 ha n'ont pas du tout été semés (seuls 30 ha de blé semés sur les 50 et zéro ha de triticale sur 20 prévus). Et sur les 20 ha de colza mis en place, 10 ha, noyés, ont dû être cassés et remplacés par du maïs. Le méteil semé en octobre et prévu pour l'ensilage a pourri sur place.
"J'ai une assurance récolte depuis 4 ans, explique Jérémie Guémas. Jusque-là je n'avais pas eu besoin de l'assurance mais je me suis dit que je la conserverais quand même cette année, je suis bien content de l'avoir fait !". L'assurance va prendre en charge le coût de semences du maïs venant en remplacement du colza endommagé, et la préparation de sol. Au moment de la récolte du blé et du colza, l'assurance indemnisera l'agriculteur pour la perte de rendement constatée.
15 ha de blé noyés
Chez Guillaume Mortreau, à Baugé-en-Anjou (Lasse), 15 ha de blé, noyés, ont dû être cassés et des semis de printemps (maïs et tournesol) y ont été réalisés, la semaine dernière. La culture d'un mélange de LG Absalon et de KWS Ultim a coûté cher en charges, avec 2 passages de pleine dose de fongicides. "Il en aurait même fallu une 3ème, indique l'agriculteur. Ce n'est pas une année où faire l'impasse sur les fongicides !". Se voulant plutôt optimiste, l'agriculteur vise les 60 à 70 qx.ha. "Ici, les bonnes années, on fait 85 qx/ha en orge et 70 à 80 qx/ ha en blé".
Retard dans les semis de maïs
Le moindre assolement en céréales d'hiver a fait mécaniquement augmenter la sole globale de maïs."Je ferai cette année 55 ha de maïs contre 35 habituellement", note Jérémy Guémas. Mais l'implantation a été compliquée par les corbeaux, et au 21 juin, il lui reste encore 16 ha de maïs à semer, faute de pouvoir entrer dans les parcelles. "Je me laisse jusqu'au 1er juillet pour semer... Le problème est que cela va repousser la récolte à début novembre, et poser des soucis pour les semis de blé derrière !"
Chez les frères Boivin, le maïs a "3 à 4 semaines de retard, il a été semé à 20 % au 13 mai et pour le reste au 27-28 mai, dans des conditions plus difficiles que d'habitude". Chez lui aussi, les corbeaux se sont attaqués aux grains et aux pieds, obligeant à resemer 2 ha.