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Élevages
Répercuter les hausses sur les prix payés aux producteurs

L’augmentation des coûts sur les matières premières impacte les coûts de production en élevage et inquiète l’ensemble des filières animales.

Les coûts des céréales sont en hausse dès le début de la commercialisation, de 50 €/t par rapport à 2011.
Les coûts des céréales sont en hausse dès le début de la commercialisation, de 50 €/t par rapport à 2011.
© AA
“Le pic le plus haut jusqu’à présent pour le coût de l’aliment était en juin 2011. Nous venons de dépasser ce triste record au mois de mai 2012. Et quand on voit le prix du blé, ou du soja en ce début de campagne, largement lié à de la spéculation mondiale, on est sûr que le coût de l’aliment va encore augmenter.” Les propos de Gérard Bourcier, président de la section porcine de la Frsea lors du conseil d’administration de la Frsea du 23 juillet, résument bien l’avis des filières d’éleveurs.
La campagne de commercialisation des céréales vient de commencer avec des cours jamais atteints. Les premières cotations du blé pour la récolte 2012 sont supérieures de 50 €/t à celles de 2011, de 100 €/t par rapport à 2010, de 130 €/t par rapport à 2009. La tendance est la même pour les oléo- protéagineux : la campagne 2012 a débuté au dessus de 500 €/t pour les colzas, record absolu pour un début de campagne. “Ce qui pose problème aux éleveurs, affirme Christophe Labour, président de la section volaille de la Frsea, ce n’est pas le niveau des cours des céréales et du colza. C’est que les hausses de prix ne soient pas répercutées sur le prix de nos produits”. Le coût de l’aliment s’ajoute à des charges très élevées et croissantes : le poste “énergie” est en hausse de 5,7 % par rapport à l’an dernier, et le prix des engrais est en augmentation de 5 % vis-à-vis de 2011.

Il faut “passer des hausses”
“Il n’y a qu’une seule solution, résume Christiane Lambert, secrétaire générale de la Frsea : le prix payé aux éleveurs doit tenir compte de ces hausses des coûts de production. La FNSEA et JA ont obtenu il y a un an, dans l’accord du 3 mai 2011 signé par les producteurs, les transformateurs et les distributeurs, sous l’autorité du ministre de l’Agriculture, une clause de rendez-vous en cas de situation exceptionnelle. C’est le cas cette année. Les entreprises de transformation des produits agricoles, et surtout les distributeurs, doivent donc décider, de toute urgence, de ré-ouvrir des négociations commerciales aboutissant à des revalorisations de prix payés aux producteurs. Et nous ne voulons pas entendre la question du pouvoir d’achat des consommateurs : chacun sait que les marges des distributeurs sont encore confortables.”
Pour activer ces renégociations de prix, les équipes syndicales des FDSEA et Jeunes agriculteurs, se rendront très prochainement dans les grandes surfaces, à la rencontre des acheteurs de produits frais. Des messages aux organisations de producteurs, coopératives, acheteurs de produits agricoles, sont également en train de passer pour les exhorter à “passer des hausses”.
Une autre piste est de mettre en œuvre les contrats interfilières, entre productions végétales et productions animales, visant à contractualiser sur une longue période, ce qui permettrait d’atténuer les effets conjoncturels de marché. Un accord de ce type a été conclu le 15 juin 2011 à l’initiative de la Fnsea.

Jean-Paul Goutines - Frsea

Réactions des responsables des différentes filière

Christophe Labour, filière avicole. L’indice aliment, calculé par l’Itavi a augmenté de 18 à 20 % sur le premier semestre 2012, et cela, quels que soient l’espèce élevée et le mode de production. Nos organisations de production ont alerté sur les difficultés à répercuter cette hausse à l’aval. Nous sommes prêts à les accompagner pour que les entreprises d’abattage-découpe revalorisent le prix des produits à la grande distribution. Cependant, nous exigeons un retour sonnant et trébuchant sur nos prix de reprise qui comprenne la hausse de l’aliment mais également l’augmentation de toutes les autres charges.

Gérard Bourcier, production porcine. La production porcine est en crise depuis maintenant cinq ans avec pour principale origine un prix payé à l’éleveur trop faible, ne couvrant pas le coût de production. À ce contexte, s’ajoute l’obligation de se mettre aux normes pour le 1er janvier 2013, ce qui pour certains élevages ne sera pas possible du fait de manque de rentabilité et de trésorerie. L’élaboration du prix à l’éleveur ne peut plus se baser uniquement sur le marché de l’offre et de la demande mais doit désormais intégrer le coût de revient dont 60 % sont liés à l’aliment. Nos organisations de production doivent soutenir cette proposition mais doivent également être solidaires sur la nécessité d’obtenir une revalorisation de nos produits auprès de la grande distribution.

Guy Hermouet, filière bovine. La tendance haussière des cours des matières premières ne sera pas sans conséquence pour la filière bovine et plus particulièrement sur l’engraissement. La conséquence directe d’une non intégration de la hausse du coût de production dans la rémunération va être la diminution des cheptels et le retournement des pâtures pour cultiver des céréales. Plus la perte de milliers d’emplois au sein de toute une filière. Parallèlement, le ratio “charges alimentation achetée/ prix du lait” progresse fortement, se situant au niveau de 2009, marqué par un prix du lait historiquement bas. En cause les cours des protéines qui ont atteint des niveaux record en semaine 28, à 500 €/t pour le tourteau de soja au départ de Montoir et à 300 €/t pour le tourteau de colza.
S’ajoute à cela une conjoncture de marché plutôt défavorable qui pèse sur le prix du litre de lait payé au producteur. La répercussion de l’augmentation de la hausse des charges tout au long de la filière est donc incontournable. Alors que nous subissons un effet ciseau très favorable entre les charges et le prix, les entreprises connaissant des difficultés ne doivent absolument pas s’appuyer sur les éleveurs pour rééquilibrer leurs comptes.
Dominique Deffay, responsable Grandes cultures FRSEA. Je suis tout à fait conscient que le cours élevé des matières premières végétales va impacter fortement le monde de l’élevage, d’où la nécessité de créer des passerelles entre le monde du végétal et le monde de l’animal. Plusieurs axes sont à poursuivre tels que la mise en œuvre concrète de l’accord filières animales et végétales du 15 juin 2011. Il est important de rappeler que la majeure partie de nos productions est destinée à l’alimentation animale et la bonne récolte de colza en France, cette année, signifie un renforcement de notre autonomie en tourteaux, ce qui est positif. Nous avons tous à gagner à obtenir une revalorisation du prix payé au producteur et principalement, dans le monde de l’élevage.
Il en va de l’équilibre de notre territoire.

Yvonnick Rivière, responsable lapins FRSEA. Les éleveurs de lapins sont concernés, comme leurs collègues des autres productions animales, par la flambée des cours des matières premières. Pour l’avenir de la production cunicole ligérienne, il est impératif d’obtenir une revalorisation du prix payé à l’éleveur ainsi qu’une meilleure répartition de la valeur ajoutée au sein de la filière.

FNEC. Alors que le coût de l’alimentation animale flambe, il est vital pour les producteurs d’obtenir une répercussion de cette hausse vers l’aval. Les surstocks importants que connaît la filière caprine ces deux dernières années sont en train de se résorber et 2013 pourrait connaître la situation inverse. Cette situation préoccupante doit donc inciter les acteurs de la filière, à savoir la transformation et la grande distribution, à négocier ensemble afin de répercuter cette hausse de coût de l’aliment subie par les éleveurs laitiers caprins.

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