Élevage
Reproduction en chèvres : vers des méthodes plus naturelles
En AG, l’Union caprine a abordé la problématique
des alternatives aux traitements hormonaux de synchronisation.
Éric Rebours, 34 ans, est installé depuis 2005 en production caprine à Marcé, avec un troupeau de 75 chèvres et un
système pâturage. Il travaille en Gaec avec sa femme et son beau-père. L’intégralité des 50 000 litres est transformée en fromages : « Nous n’avions pas le choix, nous étions dans un trou noir, aucune laiterie ne collectait dans notre secteur ». La production est commercialisée en vente directe. Cette proximité avec les clients rend l’éleveur particulièrement sensible à la question des hormones. « Nous organisons des portes ouvertes sur l’exploitation, nous sommes attachés à garder une bonne image auprès des clients, souligne Éric Rebours. Nous leur expliquons qu’il faut utiliser des hormones pour désaisonner les périodes de reproduction et leur proposer du fromage toute l’année. Mais nous nous sommes fixés, depuis deux ans, comme objectif de réaliser des inséminations animales sans hormones ». Dans cette démarche, l’éleveur avance pas à pas, épaulé par l’inséminateur : « Nous cherchons à utiliser des périodes où nous sommes certains de l’arrivée des chaleurs, en nous aidant seulement du photopériodisme et de l’effet bouc ». Les premiers essais en septembre 2008 et sept 2009 ont été peu concluants. En revanche, en avril 2010, les résultats obtenus sur un lot d’une vingtaine de chèvres sont un peu plus encourageants, avec un taux de réussite d’IA de 50 %. « C’est moins qu’avec les hormones, où le taux de réussite d’IA est de 70 à 80 %, mais avec la moindre dépense en hormones, on s’y retrouve économiquement, commente Éric Rebours. En plus, les méthodes plus naturelles permettent de garder des chèvres vieilles, alors que l’hormone oblige à les écarter ».
Un traitement européen en cours
Lors de son assemblée générale qui s’est tenue mardi sur l’exploitation d’Éric Rebours, l’Union caprine 49 avait invité Karine Boissard, de l’Inra de Poitiers. Celle-ci a évoqué les différentes alternatives au traitement hormonal de synchronisation des chaleurs, comme l’effet mâle ou effet bouc. Des méthodes qui devraient permettre de
« répondre à la fois à la demande des consommateurs, aux cahiers des charges AB et AOC, et d’anticiper une éventuelle interdiction de la part de l’Union européenne ». Un projet européen de recherche est en cours sur le sujet. « Cela correspond à une demande des éleveurs, soucieux à la fois de leur image et de la protection de l’environnement, soucieux aussi d’échapper à mainmise des organismes, expliquait Raphaël Brunet, président de l’UC 49. Nous sommes habitués à fonctionner dans un certain système, et les éleveurs ont réagi lorsque Karine Boissard a suggéré de travailler avec un bouc pour quinze chèvres. Son intervention était là aussi pour nous interpeller ».
S.H.
Conjoncture
Une délégation reçue à la préfecture le 24 juin
Jeudi 24 juin, le préfet de Maine-et-Loire, Richard Samuel, a reçu une délégation d’éleveurs accompagnés par Alain Cholet (FDL) et Antoine Lardeux (JA). Raphaël Brunet, président de l’Union caprine a expliqué la situation de crise traversée par la filière : « Une situation hors de portée des producteurs, créée de toutes pièces par des industriels gourmands de lait d’importation et incapables d’anticiper des stocks ». L’Union caprine a alerté le préfet sur la « nécessité d’un accompagnement pour traverser cette crise de façon conjoncturelle par une aide à l’écoulement des stocks mais surtout de façon structurelle en mettant en place une politique des volumes ». Pour ce faire, le préfet s’est engagé à interpeller le ministère sur son rôle d’information avec FranceAgriMer auprès de la filière en assurant une transparence des informations sur les importations et les stocks. Il a également souhaité qu’au niveau départemental, avec l’aide de la DDT, se mette en place un groupe de travail sur les conditions d’accès à la production caprine. « Ce travail doit être fait à l’échelle du bassin de production pour avoir une réelle portée », a conclu le préfet. Chantier auquel les éleveurs caprins sont prêts à s’investir.
Manon Gillier