Réunis par la passion pour la sélection
Non issu du milieu agricole, Jérémy Blaiteau a pris la suite de Claude Cesbron, après avoir été son salarié pendant dix ans. Ils partagent tous les deux l’amour de la race limousine et la passion pour la sélection.
Non issu du milieu agricole, Jérémy Blaiteau a pris la suite de Claude Cesbron, après avoir été son salarié pendant dix ans. Ils partagent tous les deux l’amour de la race limousine et la passion pour la sélection.
«La race limousine n’était pas encore trop connue dans le département quand nous avons acheté nos premières génisses avec mon père à la fin des années 1970, raconte Claude Cesbron. Il y avait juste quelques élevages qui avaient démarré dans le voisinage quelques années plus tôt». Avec la Limousine, choisie pour remplacer le troupeau mixte de Maine Anjou, l’exploitation de Vezins s’est orientée vers la production allaitante. «Nous avions une quarantaine de vaches au départ - un effectif suffisant pour notre surface de 40 ha- et un atelier porcin naisseur-engraisseur de 50 truies», détaille-t-il.
Développement du gabarit
Après dix ans d’association avec son père, Claude Cesbron s’est retrouvé seul à la tête des deux ateliers, qui avaient grossi - le cheptel porcin atteignait 100 truies. «J’ai alors fait le choix d’embaucher d’un salarié : j’en ai eu seulement trois en trente ans», dit-il. C’est aussi le moment où l’éleveur se lance dans la sélection génétique en race limousine, inscrivant son troupeau au Herd-Book et achetant des taureaux à la station de Lanaud. Le premier fut Gabin, «apprécié pour ses filles laitières». Tout comme Rhum, il a contribué à développer le gabarit des vaches de l’élevage. «La Limousine était plus petite que la Blonde d'Aquitaine et la Maine Anjou, rappelle Claude Cesbron. Moi, j’ai gagné 150 kg de carcasse en moyenne en trente ans de carrière». L’éleveur de Vezins obtient aussi des médailles, en concours, avec son jeune taureau, Irak, qui se classe deuxième au National en 1995.
Achats en co-propriété
Si les orientations génétiques changent avec le temps - aujourd’hui l’élevage recherche d’autres qualités, comme la finesse d’os par exemple- la passion pour la race reste intacte. C’est ce qui a réuni Claude Cesbron et Jérémy Blaiteau. Non issu du milieu agricole, ce dernier «adorait les vaches allaitantes», mais n’avait jamais mis les pieds dans un élevage de porcs lorsque Claude Cesbron l’a embauché comme salarié en 2007. «Mais j’ai appris, reconnaît Jérémy Blaiteau. Et d’autant plus rapidement que le cycle court de cette production hors sol nous permet de constater très vite les effets de notre travail». Il observe également la stratégie de son patron concernant l’achat de taureaux en co-propriété, avec Lucien Lemesle. «C’était un moyen de rivaliser avec les investisseurs étrangers à la station de Lanaud, justifie Claude Cesbron. Ensemble, nous avions plus de chance d’avoir un bon reproducteur». Effectivement, cette association a donné de bons résultats : dans les élevages mais aussi sur les rings. Hourra, par exemple, est l’un d’eux. Ce taureau a été champion au concours national en 2017. «C’était la première année du Gaec Cesbron-Blaiteau», souligne Jérémy Blaiteau, toujours engagé aujourd’hui dans cette co-propriété avec Hugues Lemesle et le Gaec de la Martinière.
Une transmission progressive
Ayant «la volonté de transmettre», Claude Cesbron a accompagné son ancien salarié lors de son installation en 2017. «Je voulais avant tout une continuité de l’élevage, insiste-t-il. Je ne cherchais pas à valoriser économiquement mon exploitation». Une démarche qui a permis à Jérémy Blaiteau de prendre progressivement les rênes, grâce à deux ans de transition avant le départ à la retraite de Claude Cesbron, en 2019. «C’était le temps nécessaire pour faire le lien avec tous nos interlocuteurs, les techniciens notamment», admet-il. Le jeune éleveur conduit aujourd’hui un troupeau de 60 VA, engraissant tous les jeunes mâles, et vendant entre 10 et 15 reproducteurs par an. Il poursuit l’amélioration génétique du cheptel, tout en maintenant l’âge au premier vêlage à 2,5 ans en moyenne avec un IVV autour de 370 jours. « D’ailleurs, je recherche un associé, lance-t-il, projetant de refaire la stabulation « pas très pratique». En 2020, il a décroché un top price avec Pompon, à la vente de reproducteurs de Lanaud.