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S’associer
Réussir en société en tenant compte des individualités

La Chambre d’agriculture organisait le 26 novembre une journée sur le thème de l’épanouissement en société.

A la table ronde organisée par la Chambre d’agriculture au campus de Pouillé, Pierre-Marie Heulin, Aurélien Colas, Pierre-André Cherbonnier, Véronique Marchand et Alice Barthez.
A la table ronde organisée par la Chambre d’agriculture au campus de Pouillé, Pierre-Marie Heulin, Aurélien Colas, Pierre-André Cherbonnier, Véronique Marchand et Alice Barthez.
© AA

Rétablir le “je” dans le groupe. Un point essentiel pour la sociologue Alice Bartez, pour permettre l’épanouissement de chacun dans une société agricole. Elle est intervenue, le 26 novembre au campus de Pouillé, lors d’une journée organisée par la Chambre d’agriculture du Maine-et-Loire sur le thème : “S’associer : je m’épanouis, on réussit.” “Les formes sociétaires ne se résument pas au rassemblement de moyens de production”, explique Alice Barthez. “C’est plutôt la mise en commun d’énergies, d’intelligences.”

Le non-dit révolu

La preuve en est avec les témoignages de trois agriculteurs du département : Pierre-Marie Heulin, Aurélien Colas, et Pierre-André Cherbonnier. Les trois ont choisi de travailler en société. Pierre-André Cherbonnier se félicite d’être arrivé à passer d’une structure familiale à une société avec des tiers. L’agriculteur est en Gaec avec trois autres personnes : sa femme et deux tiers. “Je travaillais avec mes parents jusqu’à leur départ en retraite.” Pour Alice Barthez, il peut être délicat d’introduire des tiers dans une structure familiale. “C’est une forme historique, rappelle-t-elle. La communication n’est pas la même, on est souvent dans une complicité du non-dit. C’est le lien biologique qui crée la relation. C’est pour cette raison que, souvent, un tiers ne souhaite pas s’installer dans ce type de structure. Il a peur de ce manque de communication. Les associés doivent rompre une logique familiale pour passer à une logique d’entreprise afin d’intégrer les tiers.” Une logique bien comprise par Pierre-Marie Heulin, puisqu’il se dit prêt à céder l’exploitation familiale à un tiers. Le Gaec 4 H a la particularité d’exister depuis plus de 40 ans et neuf personnes y ont travaillé en tant qu’associés. Pierre-Marie Heulin, associé depuis près de 30 ans, constate une chose : “le changement de génération a permis de détruire le non-dit.”

Le dialogue, l’écoute, des clés importantes pour la réussite d’une société agricole, s’accordent à dire tous les intervenants présents. Aurélien Colas, lui, est éleveur en viande bovine bio avec un tiers à Bouillé-Ménard. Pour permettre ce dialogue, les associés ont choisi de petit-déjeuner et déjeuner ensemble dans un lieu neutre sur l’exploitation. “Pour nous, c’est l’occasion de discuter du travail, du planning mais aussi de parler de notre organisation par rapport à notre famille. Des évolutions de chacun. Par exemple, je vais bientôt être papa, on en discute ensemble...” Comme le note la sociologue, “le besoin d’échanger est primordial pour l’individu, il a besoin de reconnaissance. Echanger avec l’autre lui permet d’exister individuellement.”  Autre point essentiel : “il y a plus que l’aspect professionnel dans une relation de travail. Un capital affectif se crée. Si Aurélien mange tous les jours avec son associé, c’est que dans le fond ils s’entendent bien.” Cette relation est bénéfique. Elle permet aussi de mieux écouter l’associé quand il a un reproche à faire.

Pour permettre l’épanouissement, la définition du rôle de chacun semble essentielle. Comme dans le Gaec 4 H. Pierre-Marie Heulin explique : “Nous sommes quatre associés en production laitière, volaille et céréales. Chacun a un rôle bien déterminé et des responsabilités. Et on ne va pas empiéter sur les plates- bandes de l’autre.” Pour autant, il y a une interdépendance, remarque la sociologue. “Nous nous consultons pour chaque décision. Puisque l’activité de l’un dépend de celle de l’autre. Par exemple, les céréales vont servir à nourrir les animaux.”

Apprendre à travailler ensemble

D’une manière générale, Véronique Manche, conseillère en sociétés et en relations humaines à la Chambre d’agriculture 49, explique que “travailler ensemble, cela se travaille. Ce n’est pas naturel pour l’homme.” Le consensus établi à un moment lambda ne dure pas. “Il y a des influences extérieures qui font évoluer les personnes. Les attentes de chacun changent avec le temps”, souligne Alice Barthez.

Pour les trois agriculteurs, la forme sociétaire est pleine d’atouts : “cela nous permet de nous dégager plus de temps libre”, rappelle l’un d’entre eux. Sérénité, sécurité, confiance en soi... Chacun y trouve son compte.

 

H.R.
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