Porc
Stratégies pour maîtriser le coût alimentaire
Interview de Mathieu Fonteneau, président d’Airfaf Pays de la Loire.
Depuis plusieurs années, la fabrication d’aliments à la ferme poursuit son développement en production porcine. Comment expliquez-vous cette forte progression ?
Mathieu Fonteneau : Le poste alimentation est de loin la première charge de l’élevage porcin. Avec la hausse des matières premières, les éleveurs se réintéressent au coût et à la valeur nutritionnelle des aliments. En effet, en fonction de la composition de l’aliment, l’indice de consommation sera plus ou moins élevé.
L’éleveur fafeur réalise ses formules, ce qui lui permet de comprendre comment est obtenue l’énergie, l’intérêt de la lysine,… Par ses choix de matières premières, il sait pratiquement à l’avance quelles seront les évolutions de son indice de consommation ainsi que le prix de son aliment. Si le prix des matières premières utilisées est vraiment intéressant, le prix de l’aliment fabriqué sera lui aussi attractif. En parallèle, l’indice de consommation risque d’être plus élevé, lié à une valeur alimentaire moindre. Cependant, le coût alimentaire qui n’est que la multiplication du prix de l’aliment par l’indice de consommation, peut rester à des niveaux corrects. Au final, tout repose sur la connaissance concrète de la composition de l’aliment.
En moyenne, on se rend compte que l’indice de consommation est plus faible chez les éleveurs fafeurs, tendance également observée sur le prix des aliments.
Le contexte de sécheresse et donc d’un risque de marché tendu sur les matières premières à la prochaine récolte, risque d’impacter les fabricants d’aliments à la ferme. Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner pour anticiper cette situation ?
Tout d’abord, la sécheresse impactera autant l’aliment industriel que l’aliment en Faf. La problématique pressentie du transfert de maïs grain en maïs ensilage concernera l’ensemble des fabricants d’aliments. La compensation se fera par l’achat de céréales à paille dont les prix risquent d’être plus élevés à l’automne qu’à la récolte. Donc, dans ce contexte de pénurie et de volatilité des prix, quelles stratégies adopter ? Quel risque couvrir en priorité : celui de la pénurie ou celui du prix ? Quels indicateurs observer pour faire ses choix ? Ce sont ces problématiques que nous aborderons lors de notre assemblée générale.
Cependant, je voudrais rappeler que quelles que soient les pistes dégagées, la stratégie retenue doit absolument intégrer l’indice de consommation. C’est le critère technique à gérer en priorité pour maintenir au mieux son coût de production.
Recueilli par
Céline Joly - FRSEA