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Sur les traces des forçats de l’or bleu

A Noyant-la-Gravoyère, la Mine Bleue propose aux visiteurs un voyage à 126 mètres de profondeur. Une expérience qui plonge les visiteurs dans le dur quotidien des ardoisiers.

© AA

« Il faut s’imaginer la mine dans l’obscurité ». Au beau milieu de la visite touristique, le guide la Mine bleue éteint l’électricité quelques instants, pour que le visiteur se figure dans quelle atmosphère visuelle évoluaient les mineurs. « Ils étaient juste équipés d’une lampe à huile, qui éclaire à 1 mètre, ou d’une lampe à carbure, qui éclaire un peu plus loin. L’électricité n’est arrivée dans la mine qu’en 1919, et elle servait surtout pour les machines, comme les marteaux perforateurs, mais très peu pour l’éclairage ! ». Nous sommes entre 116 et 126 mètres de profondeur, dans le sous-sol de Noyant-la-Gravoyère, dans le Segréen, dans une ancienne mine ardoisière. La température et l’hygrométrie y sont constantes toute l’année : 15 °C et 90 % d’humidité.
Ce site de la Gatelière a été exploité relativement peu de temps, de 1916 à 1936, et au plus fort de la période d’exploitation, en 1927, 94 mineurs de fond y descendaient. Il a fallu pas moins de 4 ans, de 1916 à 1920, pour creuser les galeries et les chambres d’exploitation. La mine a été fermée en 1936 suite à une faillite de son propriétaire : « les mineurs sont partis en juillet 1936 à l’occasion des premiers congés payés, sans savoir que la mine serait fermée à leur retour !, relate le guide Arthur Pouliquen. Les mineurs avaient donc tout laissé sur place, et ceci a constitué un intéressant témoignage des conditions de travail en cours dans l’entre-deux guerres ». Longtemps fermé, le site a été réaménagé dans les années 1990 pour en faire un lieu de tourisme industriel. Il est géré aujourd’hui par le Pôle d’équilibre territorial rural du Segréen. La Mine bleue a reçu 35 000 visiteurs en 2019, 15 000 en 2020 et 20 000 en 2021.

813 marches, matin et soir

La visite mène à travers différentes chambres d’exploitation, jusqu’à l’impressionnante “cathédrale”, la chambre d’exploitation la plus vaste de la mine, 57 mètres de longueur, 15 mètres de hauteur, et 20 mètres de large. Les mineurs y descendaient non pas en ascenseur, comme les visiteurs le font confortablement aujourd’hui en quelques secondes, mais par ce que l’on appelle des descenderies : des tunnels inclinés à 37° sur 200 mètres de long, équipés d’escaliers en bois glissants et irréguliers. Et cela, 6 jours sur 7. « Ils descendaient les 813 marches en 20 à 30 minutes le matin, chargés de leur musette et de leur lampe, bien le plus précieux. Le soir, il leur fallait entre 40 minutes et 1 heure pour remonter. Et ces trajets n’étaient bien sûr pas compris dans leur temps de travail », raconte le jeune guide. Dans cette mine, longtemps, l’extraction s’est réalisée « à la force des bras », à l’aide de barres à mine, chignoles à main, pelles, pioches...
L’abondance de poussière provoquait la schistose et l’espérance de vie des mineurs de fond ne dépassait pas les 40 à 55 ans. « Ces mineurs effectuaient un travail titanesque qui usait tout leur organisme », résume Arthur Pouliquen. On le sait moins, mais à côté des hommes, des ânes trimaient également dans la mine, chargés de tracter les lourds blocs d’ardoise. Ces animaux y vivaient toute la semaine, dans une écurie souterraine et étaient remontés le samedi soir, les yeux bandés afin de se ré-accoutumer à la lumière naturelle.
S.H.

Pratique
La Mine Bleue est ouverte jusqu’au 13 novembre.
Informations sur www.laminebleue.com.
Tarifs préférentiels pour les Journées européennes du patrimoine, samedi 17 et dimanche 18 septembre (de 10 h à 18 h 30 avec un dernier départ à 16 h 45) : adultes, 10 euros. Enfants de 4 à 11 ans : 5 euros. Gratuit pour les moins de 4 ans.
Réservations conseillées au 02 41 94 39 69.

 

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