Filière animale
Un lien à consolider avec les consommateurs
Les consommateurs se disent prêts à payer plus pour soutenir les éleveurs, mais cela se traduit peu dans l’acte d’achat.
“Votre communication n’est pas à la hauteur de ce que vous êtes et ce que vous faites. Ayez une attitude plus offensive et pas uniquement défensive”. Responsable d’une agence de communication, Evelyne Soum a invité les adhérents de Coop de France à reprendre en main le lien avec le consommateur-citoyen. Un lien régulièrement ébranlé par des affaires comme celle dite de la viande de cheval. Un lien de plus en plus “confisqué par la distribution”, comme le souligne la spécialiste, qui a réalisé une étude à la demande des coopératives. Éleveur de porcs en Côtes-d’Armor et président de Coop de France Nutrition animale, Jean-Luc Cade invite lui aussi les filières à sortir de leur “posture défensive”, sur les sujets sanitaire, environnementaux... À “retrouver le lien avec la société”. À montrer les innovations dans les différents maillons de la filière, par exemple en matière de sécurité alimentaire, au lieu de porter toute l’énergie et tous les moyens à répondre aux campagnes de dénigrement de l’élevage et de la viande.
Le “trou noir” de la transformation
Si les consommateurs ont une image très positive des deux extrémités d’une filière, à savoir l’agriculteur et le boucher-charcutier, en revanche le milieu de la filière n’évoque rien d’autre qu’un “trou noir”, plutôt inquiétant. “Le mot “transformation” n’est pas compris. Mais les gens sont dans l’attente d’information”, explique Evelyne Soum.
Invité d’une table ronde, Alain Berger, le délégué interministériel à l’agro-alimentaire et l’agro-industrie, poursuit la réflexion sur l’image : “les filières d’élevage sont industrielles, d’où la difficulté à vendre l’image de tradition de qualité à la ferme” le plus souvent présentée au public.
Alain Berger invite à “raisonner filière, y compris la grande distribution : il faut reconnecter les maillons plutôt que les opposer”.
Toute la difficulté pour renouer le lien réside aussi dans ce paradoxe : le citoyen dit apprécier les savoir-faire des éleveurs et la diversité des produits. Mais le même, devenu consommateur, se laisse facilement séduire par les stratégies low cost et est sensible aux opérations de promotions. Or les produits français souffrent d’un déficit de compétitivité prix. “40 % de la viande de poulet consommée en France est importée”, rappelle André Barlier, de FranceAgrimer. “On a promu les labels, y compris pour l’export. Mais c’est le modèle d’entrée de gamme qui s’est répandu en Europe, à nos dépens”. Outre la question des distortions intracommunautaires, soulevée par plusieurs adhérents Coop de France, il y a des efforts à faire au sein même des filières, estime André Barlier. “Les autres pays ont avancé bien plus vite dans l’organisation des filières.”