Apiculture
Une année compliquée pour les abeilles
L’année 2021 n’aura pas été simple pour les apiculteurs. Reportage au Gaec Miel et Loire à Bouchemaine.
L’année 2021 n’aura pas été simple pour les apiculteurs. Reportage au Gaec Miel et Loire à Bouchemaine.
Du miel, mais pas uniquement. Le Gaec Miel et Loire, installé depuis 2018 à Bouchemaine, déploie plusieurs activités : « nous sommes une exploitation orientée vers l’élevage », expliquent Maxime Dufranc et Lysiane Burguin. Un tiers de l’activité du couple est la vente d’essaims prêts à produire pour d’autres éleveurs, un autre tiers, la vente de reines et un autre encore, la production de miel. Il développe aussi l’agroforesterie, pour favoriser la biodiversité végétale au sein de son site d’exploitation de 6 ha.
« Cette année 2021 a été difficile », résume Maxime Dufranc. Il a fallu faire preuve d’adaptabilité et de stratégie. D’abord, parce que la saison a commencé très tôt : « nous sommes allés nourrir les ruches en sortie d’hiver, en mars, les abeilles étaient déjà affamées et avaient besoin de ressources. Nous n’avons pas l’habitude de nourrir les ruches à cette période-là !, témoigne l’apiculteur. Nous avons perdu quelques colonies qui étaient déjà très développées, parce que stimulées par un climat doux dès le mois de février ». L’apiculteur a quand même pu vendre ses essaims.
Au printemps, la récolte de miel a été plutôt belle, notamment pour le miel de colza. « Nous avons bénéficié d’une semaine assez chaude pendant la floraison du colza ».
« Nous avons nourri le double de d’habitude ! »
Ensuite, pas de répit, la météo de mai et juin, avec beaucoup de pluies a obligé les apiculteurs à nourrir le cheptel beaucoup plus qu’à l’accoutumée : « Nous avons dû soutenir les colonies en les nourrissant, sinon, on aurait perdu le cheptel ! », souligne Maxime Dufranc. Cette situation tout à fait inhabituelle a occasionné des frais de nourrissage et du temps de travail supplémentaire. « Nous avons nourri le double de d’habitude ! ».
Au final, il y aura eu, au Gaec Miel-et-Loire une belle récolte de miel de printemps, mais 3 fois moins de miel d’été que d’habitude, avec des volumes décevants en miel toutes fleurs et tournesol. Certains types de miel n’ont pas pu être produits du tout : c’est le cas de l’acacia et du châtaignier. Maxime Dufranc envoie ses ruches dans les massifs boisés du Saumurois pour le miel de châtaignier, mais cette année le mauvais temps a tout compromis.
Même s’il ne manquera pas de miel, cette situation ne convient pas tout à fait à Maxime Dufranc : « on préfère faire beaucoup de miel d’été, car il est plus facile à valoriser, il se conserve mieux ! ».
Une bonne surprise est venue toute de même du miel de lavande, nouveau dans leur gamme : « nous avons emmené une 20aine de ruches chez un agriculteur d’Eure-et-Loir qui s’est mis à cultiver de la lavande sur 300 ha. »
Côté reproduction, l’année a aussi été dure à gérer, puisque la météo fraîche de mai a causé des soucis de fécondation des reines. « Nous ne sommes pas tout à fait satisfaits de la qualité de nos reines, mais nous ne sommes pas trop à plaindre. Certaines régions françaises n’ont pu exporter aucune reine... »
Depuis la fin de récolte de miel, mi-août, le Gaec se consacre à la lutte contre le varroa, « l’ennemi numéro 1 des ruchers », qui ne laisse pas de répit non plus. L’exploitation a connu de fortes infestations cet été.
Le Gaec Miel et Loire avait un stock important de miel, notamment parce que les producteurs français ont des difficultés à trouver des débouchés sur le marché du vrac. « Seulement 50 % de la demande est assurée par du miel français, et les prix chutent depuis 2017-2018, en raison d’une part croissante d’importations et de prix mondiaux à la baisse. Les gros conditionneurs français achètent peu de miel français », explique en effet Maxime Dufranc.
C’est une des raisons pour lesquelles le Gaec développe la vente au détail, à la ferme et en magasins. « Le fait d’être une exploitation diversifiée et avec de la vente directe nous sauve », souligne l’apiculteur.
S.H.
(programme sur www.mieletloire.fr).