Sival 2022
Une édition 2022 sous le signe de la souveraineté alimentaire
Le Sival, qui s’est déroulé cette semaine au parc des expositions d’Angers, était bien entendu le salon des retrouvailles pour les filières végétales, après deux ans d’absence, mais l’ambiance était marquée par la crise ukrainienne, et la flambée des énergies qui pénalise lourdement ces filières.
Le Sival, qui s’est déroulé cette semaine au parc des expositions d’Angers, était bien entendu le salon des retrouvailles pour les filières végétales, après deux ans d’absence, mais l’ambiance était marquée par la crise ukrainienne, et la flambée des énergies qui pénalise lourdement ces filières.
Lors de la conférence de presse donnée le jour de l’ouverture du Sival par la FNSEA et ses associations spécialisées fruits, légumes et horticulture, l’inquiétude était palpable. « Aujourd’hui je suis très inquiet », lançait d’emblée le président de Légumes de France, Jacques Rouchaussé. + 200 % sur les engrais, + 200 % sur les plastiques, + 1 000 % sur le gaz, les producteurs sous serres chauffées, dont 80 % sont chauffées au gaz, sont en train de payer un lourd tribut à la guerre en Ukraine. Un tribut que les maraîchers serristes évaluent à 400 millions d’euros rien que pour les filières tomates et concombre pour l’année 2022. « On ne sait pas si on va pouvoir continuer à mettre en cultures demain », indiquait Cyril Pogu, vice-président de Légumes de France et maraîcher à Pont-Saint-Martin (44), pointant que « des faillites en cascades sont possibles ».
Pour s’en sortir, la grande distribution va devoir payer plus cher l’origine France. « C’est 60 centimes du kilo en plus pour la tomate qu’il faut » expose Jacques Rouchaussé. Des propos assumés par la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert : « longtemps, certains ont cru que les rayons du grand supermarché mondial seraient toujours pleins, mais on a atteint un degré de gravité qui remet la question de la souveraineté alimentaire et énergétique sur le devant de la scène » et de poursuivre : « donc oui, osons le dire, il y aura des hausses de prix. On peut appeler ça un effort de guerre. Le mot n’est pas trop fort pour soutenir l’agriculture française ! ».
Le “quoi qu’il en coûte” de l’agriculture
Si le consommateur va donc être invité à mettre la main au portefeuille, la FNSEA et ses associations spécialisées attendent aussi un soutien fort de l’État, car « le consommateur ne vas pas pouvoir assumer seul ». Ainsi, Christiane Lambert a évoqué un « chèque énergies agricoles » ainsi qu’un « chèque alimentation animale ». Des annonces du Premier
ministre étaient attendues en ce sens ce mercredi.
Mais dans ce “quoi qu’il en coûte” agricole, les producteurs des filières végétales spécialisées attendent aussi des avancées sur les questions normatives. « Qu’on arrête de nous emmerder ! », résumait de manière triviale Jacques Rouchaussé. Des propos explicités par la présidente de la FNPFruits, Françoise Roch : « risques climatiques, nouveaux parasites, suppressions de molécules, risques sur nos marchés, sur nos appros, fin des plastiques, plus on avance, moins on a de visibilité. Et à une époque où la souveraineté alimentaire revient à la mode, n’oublions pas que le premier gaspillage alimentaire se passe dans nos vergers, à travers les volumes que nous ne produisons pas ».
A.Fruchet