Interview
Une nouvelle ambition pour l’agriculture et les agriculteurs
Joël Limouzin, Président de la FRSEA Pays de la Loire
Entre 2009, une année difficile et 2013 avec la nouvelle politique agricole commune, que va-t-il se passer ?
Joël Limouzin : Il faut tirer les enseignements d’ici 2013 qui peut être l’année de tous les dangers. À l’OMC, les discussions reprennent. Ira-
t-on vers une complète libéralisation de marchés ou mettra-t-on des protections ? 2013, c’est aussi la mise en place de la nouvelle Pac et de nouvelles orientations budgétaires qui seront débattues fin 2010 et début 2011. Cette période charnière doit être mise à profit pour donner une véritable ambition à l’agriculture, une ambition de production pour nourrir la population, une ambition de revenus de prix rémunérateurs pour les agriculteurs. D’où l’importance de la prochaine Loi de modernisation agricole qui vient en débat parlementaire prochainement. Elle peut et doit nous donner des moyens, au travers des interprofessions, de la contrac- tualisation, pour que la valeur ajoutée revienne à tous les acteurs de la filière, quelles que soient les productions.
Le secteur de la production ne peut plus être la variable d’ajustement.
On a souvent parlé des prix payés aux producteurs. Quel est le rôle de l’Europe ?
Nous exigeons plus de régulation en interne, moins de distorsion dans les coûts de main-dœuvre, dans l’approche environnementale. En France, les coûts de production, les exigences environnementales sont plus élevés. Il faut faire une pause, y compris au niveau environnemental, sans remettre en cause tout le travail engagé. Sans renier les acquis comme la couverture santé que la France a choisie. Mais difficile de rivaliser avec 3 euros d’écart entre la France et l’Allemagne. Le traité de Lisbonne, qui doit permettre aux parlementaires de reprendre la main, doit nous y aider. Il nous faut un système régulé et non un système qui broie les gens et l’économie. En la matière, je fais confiance au nouveau commissaire européen, le Roumain Dacian Ciolos, qui veut donner une nouvelle impulsion au secteur agricole.
La régulation, c’est le rétablissement de quotas ?
Non. Il faut que la production s’adapte à la demande. Et la contractualisation signifie qu’à travers le regroupement de l’offre, par le biais d’associations de producteurs, on réponde précisément à la demande. Mais il faut aussi un minimum de régulation publique au niveau européen parce que le marché seul ne pourra pas tout réguler malgré toutes les mesures mises en place en interprofession. Mais encore faut-il que l’Europe valide ce principe français de l’interprofession.
Vous avez bon espoir ?
J’ai bon espoir quand toute la profession agricole va dans le même sens.
(assemblée générale de la FRSEA le 19 mars)