Elevage
Veaux de boucherie : une revalorisation nécessaire
Mathieu Delanoë, éleveur au Tremblay et responsable du dossier veaux de boucherie à la FDSEA de Maine-et-Loire, revient sur une conjoncture contrastée.
Mathieu Delanoë, éleveur au Tremblay et responsable du dossier veaux de boucherie à la FDSEA de Maine-et-Loire, revient sur une conjoncture contrastée.
Les cours des veaux de boucherie sont aujourd’hui orientés à la hausse. Comment explique-t-on ce contexte de prix favorable ?
La filière connaît un manque de petits veaux de 8 jours depuis le printemps, ce qui fait qu’il y a aujourd’hui moins d’animaux envoyés aux abattoirs. Cela entraîne une augmentation des cours de la viande, qui ont atteint les 7 euros/kg de carcasse. Ce manque de veaux est, notamment, lié à l’existence d’une filière export pour les veaux de 8 jours à destination de l’Espagne. Jusqu’ici, ce pays les achetait de manière épisodique, ce qui permettait d’écouler des veaux de moins bonne qualité. Mais aujourd’hui, avec la diminution continue du nombre des élevages laitiers, on voit bien que le marché du veau laitier se tend. Dans ce contexte, les Espagnols se sont positionnés pour acheter des veaux de bonne qualité, et cela de manière régulière.
Des cours qui augmentent, mais d’un autre côté, des charges en hausse. Comment les éleveurs font-ils face à l’inflation ?
Aujourd’hui, les veaux qui sortent de nos exploitations nous sont rémunérés en moyenne 105 à 115 euros par veau sorti. Il sortent un peu plus tôt qu’habituellement, ce qui montre bien la tension sur le marché. En tant qu’éleveurs, nous subissons fortement la hausse des charges en électricité et en gaz, surtout, pour chauffer l’eau de boisson des veaux. La profession réalise en ce moment, au niveau national, un référencement de tous les systèmes qui existent pour économiser l’énergie et devenir plus autonome : le bois, le système Nénufar, le photovoltaïque, les chauffe-eau solaires.
On constate déjà que ceux qui ont opté pour une énergie alternative comme le bois-énergie, - et nous sommes plusieurs à l’avoir fait dans le département -, résistent mieux à la hausse des coûts de l’énergie.
Dans ce contexte, qu’attendez-vous de la part des intégrateurs ?
Nous estimons que ce contexte de cours à la hausse est l’occasion d’augmenter le montant de nos prestations. Dans les faits, Denkavit a déjà mis en place une aide de 3 euros/place à tous les éleveurs pour compenser la hausse des charges. La société Van Drie y réfléchit aussi de son côté. Nous sommes attentifs à ce qui va se passer au début de l’année 2023. En effet, dans les contrats-types d’intégration, il existe une “clause d’indexation” qui stipule que, si l’Ipampa gaz et l’indice du fermage augmentent durant deux années consécutives, l’intégrateur doit se charger d’augmenter la prestation payée aux éleveurs. Cette prestation doit logiquement augmenter aujourd’hui. Ce que l’on ignore à ce jour, c’est la hauteur de cette revalorisation.