Bovins viande
Viande bovine : les producteurs préparent des actions auprès des GMS
La FNB était lundi en Loire-Atlantique. Des actions en GMS sont prévues ainsi qu’une pression auprès des pouvoirs publics pour réclamer à nouveau l’année blanche.
à 20 000 exploitations spécialisées bovines », si rien n’est fait rapidement.
La tenue, lundi dernier, de la conférence de presse de rentrée syndicale de la FNB sur une exploitation viande bovine spécialisée dans la région Pays de la loire, en l’occurrence chez Isabelle et Mickaël Trichet, de Ligné en Loire- Atlantique, ne relève pas d’un choix anodin. « Cela fait dix ans que nous sommes installés sur 230 ha essentiellement en herbe et avec 165 vêlages rouge des prés et charolaises. Quand je me retourne sur ce parcours et que je vois que nous n’entrevoyons même plus de sortie du tunnel, je suis inquiet », explique Mickaël Trichet en accueillant le président de la FNB, Pierre Chevalier et le secrétaire général, Jean-Pierre Fleury. « Dix ans pour ne pas pouvoir, l’an dernier, atteindre notre objectif d’EBE fixé à 110 000€ » s’indignent les jeunes éleveurs dont les prélèvements privés fondent d’année en année. « Dans une exploitation comme celle-ci, il manque 50 centimes du kilos. 50 centimes l’an dernier, cela permettait d’atteindre l’EBE fixé et envisager des modernisations de l’outil » tempête le vice président de la FNB, Guy Hermouet.
Augmenter de 20 %
les prix à la production
Le ton de la conférence est donné : la situation est gravissime. Si rien n’est fait dans les jours à venir, « au bas mot ce seront 15 à 20 000 exploitations spécialisées bovines qui disparaîtront cette année », poursuit Jean-Pierre Fleury. Les éleveurs sont exaspérés depuis quatre ans que dure cette crise bovine, et ils entendent bien passer à l’action dans les jours à venir. « L’action de court terme sera de descendre dans les GMS pour virer, je viens bien virer, tout ce qui est extra-communautaire et qui ne respecte pas les normes environnementales, sociales, de traçabilité imposées chez nous. Virer également tout ce qui est communautaire mais mal tracé », s’emporte Pierre Chevalier qui sait que sur le long terme tous les économistes s’accordent à dire que la consommation ne se réduira pas, compte tenu de l’évolution du pouvoir d’achat dans les pays émergents. Reste à savoir qui approvisionnera ce marché…
La stratégie de harcèlement envers les GMS et donc envers les entreprises pour que chacun prenne conscience du manque à gagner des éleveurs se met ainsi progressivement en place au sein du réseau FNSEA et JA. « Nous ne voulons pas faire les frais d’une guerre entre Bigard, privé, et Élivia, regroupement coopératif. Nous ne voulons pas savoir qui bouffe l’autre. Nous voulons savoir ce que ces entreprises veulent mettre en place pour que les éleveurs dégagent un EBE », poursuit encore Joël Limouzin, le président de la FRSEA qui plaide au contraire pour accompagner la restructuration, et le regroupement des entreprises ligériennes. « Il est impératif d'augmenter de 20 % le prix à la production. Une nécessité pour compenser les prix actuels des bovins au plus bas, les revenus et trésoreries des exploitants laminés après quatre ans d'absence de rentabilité, les impacts de la sécheresse et la nouvelle hausse des coûts de production ». Et les responsables de la FNSEA présents, comme Christiane Lambert, vice-présidente, d’exiger également que tout accord au sein d’une interprofession bovine ne soit pas taxé immédiatement d’amende comme en 2001 au moment de la seconde crise ESB.
Une année blanche
pour les éleveurs
Autre cible, celle des pouvoirs publics, jugés « incompétents, à côté de la plaque » par Jean-Pierre Fleury. « Notre demande reste celle d’une année blanche » martèle le producteur de Côte-d’Or. Année blanche sur le remboursement des annuités d'emprunts des éleveurs. Ce plan de soutien devrait être accompagné d'un ensemble de dispositifs d'aides et d'appui à la trésorerie (avances de versement sur les primes Pac et PMTVA 2010, aides calamités agricoles, prise en charge des cotisations MSA et de la Taxe sur le foncier non bâti…).
Enfin sur le long terme, la FNB rappelle l’impérieuse nécessité pour les producteurs de s’organiser et se regrouper pour peser.
Sans lueur au bout de ce tunnel viande bovine, beaucoup d’exploitants stopperont leur activité d’ici la fin de l’année selon les responsables de la FNB. Pour Isabelle et Mickaël Trichet, la question se pose avec le départ de Guy, associé dans le Gaec. « Que faisons-nous ? Nous adhérons à Bovins croissance, nous essayons de faire le maximum d’un point de vue technique… mais au final il manque toujours le prix ». Là aussi la décapitalisation guette. Mais à chaque fois, c’est une perte de valeur ajoutée pour la région.
J.P. Bouin