Agronomie
Après la moisson, place aux couverts
A Erdre en Anjou, le Gaec de l’Erdre a profité de la récolte précoce d’orge pour implanter des couverts fourragers. Que ce soit pour les vaches ou pour le sol, la dérobée apportera un bénéfice.
A Erdre en Anjou, le Gaec de l’Erdre a profité de la récolte précoce d’orge pour implanter des couverts fourragers. Que ce soit pour les vaches ou pour le sol, la dérobée apportera un bénéfice.
Au Gaec de l’Erdre, 17 ha d’orge ont été battues tôt cette année : le 15 juin. « Les rendements sont hétérogènes avec une moyenne de 65 qtx/ha. Nous les semons dans les terres les plus superficielles, cela reste satisfaisant », note Julien Porcher, un des 3 associés du Gaec. à Erdre en Anjou, l’exploitation en élevage laitier et bovin allaitant a un assolement de 200 ha. Les éleveurs appliquent les grands principes de l’Agriculture de Conservation des sols depuis 2006 : couverture maximale des sols ; semis sans travail du sol ; rotation et diversité des cultures. Les terres de l’exploitation ne sont plus labourées depuis 2005 et le semis direct est privilégié au maximum « excepté pour les cultures de printemps où on utilise le strip-till », précise l’agriculteur.
Semis direct sans déchaumage
Soucieux de couvrir son sol au maximum, Julien Porcher a tiré profit de sa récolte précoce. Il a implanté un couvert d’été aussitôt que la céréale a été battue. Semer le plus rapidement après la moisson permet de bénéficier de l’humidité résiduelle du sol. En l’occurrence, Julien Porcher a semé après les pluies du 20 juin. 3 couverts différents ont été semés en direct sur les 17 ha. On retrouve sur 7 ha des dérobées fourragères. « Sur une première parcelle, j’ai utilisé mes fonds de semences ». Le mélange ? Du colza fourrager, de la navette, du sorgho multi-coupe, du pois fourrager et de l’avoine pour une densité de 280 g de semences/m2. « Les crucifères, c’est ce qui résiste le mieux à la chaleur. C’est un essai. En fonction du développement du couvert, j’adapterai ma stratégie. » Ce premier couvert situé près du bâtiment des vaches laitières, sera pâturé s’il se développe bien. Sinon, il sera détruit au moment de l’implantation d’une nouvelle prairie. Sur une autre parcelle, un mélange de sorgho pipper, tournesol et avoine brésilienne a été semé. Celle-ci pourrait servir en enrubannage.
Sur les 10 derniers hectares, un nouvel essai a été mené : un couvert d’orge. « Après, j’ai prévu de semer un colza. Je ne pouvais pas mettre de crucifères. Je n’avais pas de semences de sarrasin en quantité suffisante. Et j’avais de l’orge sous la main...» Opportuniste, il en a semé avec une densité de 45 kg/ha. « Cela m’a permis de faire un couvert à moindre coût : 15 €/ha », note l’agriculteur qui teste en permanence de nouveaux itinéraires.
« Dans tous les cas, ces couverts ont eu une utilité même s’ils ne servent pas pour l’alimentation des animaux. » Ils apportent de la matière organique, améliorent la structure du sol et stimulent la vie du sol... Ce qui bénéficiera à la prochaine culture. « Après la moisson, il peut y avoir jusqu’à 15°C d’écart entre un sol nu et un sol couvert », note Julien Porcher, convaincu de l’intérêt de la couverture des sols dans un contexte de changement climatique.
Une bonne surprise à la récolte du colza
Mardi 28 juin, le Gaec de l'Erdre a récolté ses 14 ha de colza. Et les rendements sont au-delà des espérances des 3 éleveurs. « Avec la sécheresse, on pensait avoir une récolte catastrophique. Surtout qu’on est dans des sols avec peu de réserve... », explique Julien Porcher, l’un des associés. Finalement, les rendements moyens sont de 29 qtx/ha. « En temps normal, nos rendements moyens tournent autour de 30 qtx. » La sécheresse du printemps, couplée à la canicule de la mi-juin, augurait le pire... « A partir d’avril, avec le manque d’eau, on a commencé à prendre un peu peur. » Mais les conditions météo ont sans doute eu un impact sur la qualité de l’oléagineux. « Les grains sont plus petits que les autres années. Le stress hydrique a pénalisé le remplissage des grains... » En début de campagne, le Gaec était plutôt satisfait de l’état de la culture. Semé début août, le colza avait bien démarré au départ. « Il était associé avec du sarrasin et de la phacélie. Cette association permet de limiter les mauvaises herbes. Le sarrasin est la culture la plus précoce. C’est elle qui attire tous les altises, les limaces... Cela nous permet de faire l’impasse sur un insecticide », souligne l’agriculteur.