Dans l’espoir de faire un tabac
Les mois d’été sont synonymes de récolte pour la vingtaine de producteurs angevins de tabac. L’occasion de faire le point sur l’avenir de la filière, avec Pascal Socheleau, installé à Chemillé et également vice-président de la coopérative CT2F.
« Si on reste en l’état, dans 2 ans, il n’y a plus de filière tabac en France ». Tel est le constat, abrupt, de Pascal Socheleau, producteur de tabac sur la commune de Chemillé et vice-président de la coopérative CT2F (Coopérative tabac feuilles de France). Aujourd’hui, la filière tabac représente, en Maine-et-Loire, environ 110 ha pour une vingtaine de producteurs.
"Jusqu’aux années 2009/2010, le prix global était composé de 80 % de primes de la Pac. Mais aujourd’hui, il n’y a plus aucun soutien. Nous devons donc trouver des marchés de niche afin de créer de la valeur ajoutée à nos produits ». Jusqu’en 2015/2016, un industriel américain a eu la volonté d’acheter du tabac “clean”, voire bio, avec un cahier des charges strict. « Mais il est finalement revenu sur sa décision. Conséquence ? De nombreuses exploitations qui avaient
entamé leur conversion en bio se sont retrouvées avec des problèmes financiers, sans débouché pour leur production. Nous sommes tributaires du marché ». L’ultime chance des producteurs français réside dans le fait que le tabac Virginie a une teneur en sucre élevée, très recherché pour les tabacs à shisha. De plus, par sa texture, 1 kg de tabac français permet d’obtenir 5 à 6 kg de
tabac à shisha, car il éponge les “sauces” qui sont rajoutées et permet une excellente valorisation.
Début juillet, un partenariat a été signé par l’union des coopératives avec la firme allemande
Alliance One, spécialisée dans les tabacs à shisha. « La quasi totalité de la production française sera achetée par l’entreprise. En revanche, le traitement continuera à se faire dans l’usine du
Périgord. C’est un système gagnant/gagnant, où Alliance One nous apporte des clés pour la commercialisation de nos productions, et où nous mettons à leur service notre savoir-faire ainsi que la renommée technique de l’usine », explique Pascal Socheleau.