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Défendre ses vergers

Avec l’arrêt de nombreuses AMM, les arboriculteurs doivent se réinventer pour entamer une transition agroécologique.

© AA

Dans l’esprit populaire, l’abondance et la luxuriance définissent les vergers. Au vu du nombre de ravageurs qui y prolifèrent, nul doute que l’image est fondée. Et carpocapses, punaises et autres campagnols n’ont pas à se faire prier par un quelconque serpent pour goûter aux fruits, pourtant défendus par les arboriculteurs.

Campagnols et punaises
Lors des rencontres phytosanitaires fruits, organisées sous la forme de webinaire par le CTIFL, l’accent a été porté sur deux ravageurs des vergers : les punaises et les campagnols. « Depuis 2015, on a une explosion du nombre de punaises. Avec l’arrivée de la punaise diabolique, cela ne présage rien de bon », estime Rachid Hamidi, entomologiste à Unicoque. Cette punaise, arrivée en France au début des années 2010, présente un risque élevé pour les vergers. Avec une dispersion saisonnière pouvant aller jusqu’à 5 km, et un vol qui se déclenche au-delà de 15 °C, l’espèce inquiète. Insecte piqueur suceur, la punaise creuse les fruits et envoie des enzymes qui digèrent la chair. Si le fruit est attaqué tôt, cela peut entraîner l’avortement ou des déformations. Plus tard, cela entraîne des nécroses pouvant être très profondes. Face à ce ravageur, les solutions de biocontrôle se développent. « On peut utiliser des phéromones, améliorer les outils d’aide à la décision ou encore utiliser des plantes pièges ». Parmi ces solutions, les auxiliaires de cultures semblent être les alliés privilégiés des arboriculteurs. « On a remarqué une diminution de 77 % des punaises en introduisant Trissolcus japonicus ou guêpe samouraï dans les vergers », dévoile Rachid Hamidi.
Autre ravageur bien connu des arboriculteurs, le campagnol. Particulièrement dangereux pour une jeune plantation, le campagnol va s’attaquer aux racines et affaiblir l’arbre, dans ses galeries pouvant descendre à 40 cm de profondeur. On peut par exemple compter jusqu’à 600 campagnols provençaux par hectare dans des vergers du Sud de la France ! « Depuis cette année, le Super Caid appâts bleu n’a plus d’AMM. D’autres solutions existent, comme le Ratron, avec du phosphure de zinc. Cela tue les rongeurs en 1 à 3 heures », détaille Joël Caspar, référent vertébrés à la DGAL. Cet arrêt de la substance active pivot rend compliqué la lutte chimique. Mais des alternatives existent. « Il faut favoriser au maximum les prédateurs naturels du campagnol. La chouette effraie incorpore 14 % de campagnols à son menu, et on monte à 25 % pour le faucon crécerelle ! », note Jean-Michel Ricard, du CTIFL. Ainsi, la pose de nichoirs dans les vergers permet de réduire significativement la pression.

M.M.

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