Des chevaux dans les clos
Au domaine des Roches Neuves, Thierry Germain distille sa philosophie de vie, depuis 28 ans maintenant. Connu et reconnu pour la qualité de ses vins, la biodynamie est son adage.
Au domaine des Roches Neuves, Thierry Germain distille sa philosophie de vie, depuis 28 ans maintenant. Connu et reconnu pour la qualité de ses vins, la biodynamie est son adage.
Au cœur du Saumurois, à Varrains, Thierry Germain est propriétaire du Domaine des Roches Neuves, s’étalant sur 28 ha, « assez dispersés ». Ici, l’amour des vignes, du sol et de la nature fait foi, le domaine étant en biodynamie, sous label Biodyvin depuis 2003. Sixième génération d’une famille de vignerons, Thierry Germain a quitté son Bordelais natal pour s’installer près de Saumur, une région « coup de cœur », en 1992. Sa fille, Jeanne, l’a rejoint il y a 2 ans, et ce sont 14 ETP qui travaillent aux Roches Neuves. « On a une personne pour 2 ha. ça peut paraître beaucoup, mais je souhaite que l’on prenne le temps d’observer la vigne, de la comprendre ».
4 ha en traction animale
à ces 14 ETP, il convient d’ajouter Ben et Comtesse, des chevaux de trait. En effet, au Domaine des Roches Neuves, 4 ha sont travaillés en traction animale. « Je suis un ancien cavalier, j’ai toujours été un amoureux des chevaux », confie Thierry Germain. Le premier cheval est arrivé en 2004. « On travaille à 8 000, voire 10 000 pieds par ha, par choix. Les racines se font concurrence, forçant la vigne à puiser intensement, permettant de ressentir le terroir dans nos vins », témoigne le vigneron. Il s’est formé à la traction animale au début des années 2000, avec Olivier Cousin, à Martigné-Briand. « Là où on perd du temps avec le cheval, c’est dans le transport entre les parcelles, et dans les soins », confie Jeanne Germain. « Mais si on compte les heures, ou les gains économiques, on ne s’y retrouve pas. Le cheval en biodynamie, c’est une philosophie de vie », complète son père. Si les coûts de production triplent, l’intérêt pour la vie du sol, le tassement, et les conditions de travail est évident.
« Le cheval change la manière de travailler. Il nous ralentit, nous permet d’observer, de donner un sens à ce qu’on fait », affirme le vigneron. L’outil du domaine, pour les vignes à
8 000 pieds par ha, est la “Horse One”, complet, permettant d’utiliser facilement la puissance du cheval.
Un domaine réputé
Le succès est entier pour le Domaine des Roches Neuves et ses 11 cuvées, « une manière de mettre en avant la diversité de nos clos ». La gamme est fleurie, fruitée et légère, représentative de l’identité ligérienne. étonnant pour un Bordelais d’origine, habitué aux vins plus charnus ? « Le vigneron est en lien direct avec ses vignes, son sol, l’animal. On se positionne au sein du vivant, on ne peut pas chercher à le changer », affirme-t-il. Celui qui est venu à la biodynamie par les rencontres « autour de bonnes bouteilles », est désormais un connaisseur averti. Son livre de chevet ? « La métamorphose des plantes, de Goethe ». Pour ce vigneron, installé à 22 ans, le travail réalisé porte ses fruits. Thierry Germain a été élu meilleur vigneron de France en 2011, et ses vins sont mondialement reconnus. Il s’efforce, sans aucune difficulté, de rester humble face à la nature. C’est elle qui rend son vin unique, il convient de ne pas la brusquer.