Maïs
Ensilage : l’extrême inverse de 2021
Alors que les premiers ensilages démarrent en cette fin de semaine, point d’étape et conseils avec Julien Gaultier, responsable technique ruminants chez Terrena Nutrition Animale.
Alors que les premiers ensilages démarrent en cette fin de semaine, point d’étape et conseils avec Julien Gaultier, responsable technique ruminants chez Terrena Nutrition Animale.
En quoi cette année est-elle vraiment particulière ?
Ce qui est inédit, c’est qu’un certain nombre de maïs ont subi un stress hydrique avant la floraison. Nous n’avions jamais vu cela. Le fait qu’il y ait une grande variabilité de situations entre les parcelles et à l’intérieur d’une même parcelle ajoute à la difficulté. Nous conseillons d’aller bien voir les maïs dans la parcelle.
Quelles sont les conséquences quant à la valeur nutritive des maïs les plus sinistrés ?
Au stade actuel avec uniquement de la cellulose et des sucres, la valeur nutritive des maïs est très faible. Sans amidon constitué, la valeur énergétique ne dépasse pas 0,50 à 0,60 UF pour les maïs stressés et en retard. Les parcelles plus en avance après la floraison peuvent peut-être atteindre 0,70 UF...
Quels conseils donneriez-vous pour la conservation de ces maïs ensilés précocement ?
Les maïs sans amidon ont un taux de matière sèche faible, entre 20 et 30 %, ce qui entraînera des difficultés de conservation en ensilage avec la formation possible de pourriture, la reprise de fermentation, la perte de jus. Pour y pallier, l’ajout de paille broyée au fond du silo sur 2-5 cm peut être un bon moyen de garder les jus riches en sucre et donc en énergie.
On pourra aussi mettre un conservateur avec bactéries enzymatiques pour dégrader les celluloses et limiter le développement des butyriques lié à la faible matière sèche.
Quelle stratégie pour les maïs qui peuvent encore évoluer, et qui seront ensilés un peu plus tard ?
Les situations sont très hétérogènes en fonction du capital hydrique, de la date de semis... Certaines plantes peuvent encore évoluer, c’est-à-dire avec une activité photosynthétique qui permettra, même difficilement, de poursuivre le cycle de construction de valeurs nutritives et rendement. Mais pour cela, encore faut-il qu’il reste des feuilles vertes. L’indicateur est d’avoir au moins 3 à 4 feuilles vertes, 1 feuille sous l’épi et 2 à 3 feuilles au-dessus de l’épi.
Quelles conclusions en tirer pour les années à venir ?
Le sorgho peut être une alternative, mais sera sans amidon et ce sur 10 ans consécutifs, ce qui ne sera pas le cas du maïs. Rappelons-nous ces dernières années. 2021 est une année hors du commun en moyenne sur 15 ans en maïs et à l’inverse 2022 est une année hors du commun en rendement et qualité. Nous avons les deux extrêmes en deux ans. On ne peut pas utiliser ces deux années pour construire les stratégies fourragères.
Il faut à mon sens remettre l’agronomie au cœur du sujet, et en cela, cette année nous ramène aux fondamentaux : couvrir et les sols et vérifier les niveaux de matière organique des sols, rappuyer les sols à chaque intervention du travail du sol, travailler les densités de semis en fonction des parcelles (pourcentage de sable et argile) et adapter la fertilisation, sans oublier la potasse.
Propos recueillis par S.H.