La chaleur, récurrente et désespérante
Le mois de juillet que nous venons de vivre a mis à rude épreuve les cultures. Une sécheresse qui va devenir la norme dans les années à venir.
Le mois de juillet que nous venons de vivre a mis à rude épreuve les cultures. Une sécheresse qui va devenir la norme dans les années à venir.
Sempiternel sujet dans le monde agricole, la sécheresse cristallise les tensions et attise les doutes durant cette période estivale. Chez de nombreux agriculteurs, il n’a pas plu depuis un mois.
Des prés pour la balade
« Le maïs n’est pas en forme, mais on arrive à le tenir », constate Tanguy Fonteneau, agriculteur à Torfou. Ce dernier irrigue, à raison de 20 mm par semaine, sur des terres filtrantes. « Il me reste un tour et demi d’eau, ensuite on rangera le matériel car on n’aura plus rien ». Cette année, le maïs se présentait très bien, à l’instar des autres cultures de printemps. Mais la sécheresse, qui commence à s’éterniser, donne bien du fil à retordre aux cultures dans leurs dernières phases de développement. « Sans irrigation, c’est très compliqué de faire du maïs chez nous », constate Tanguy Fonteneau, également éleveur. Ses prés s’apparentent à de longues étendues jaunâtres plutôt qu’à des écrins de verdures. « On les nourrit dehors, mais il n’y a plus rien à manger depuis début juillet ». Même constat pour Philippe Boulay, éleveur à Ampoigné (au sud de la Mayenne). « Les prés, c’est de la balade pour les animaux. Ce qui est inquiétant, c’est le maïs. Je n’irrigue pas, et il faudrait absolument de la pluie dans les 10 jours. Avec le réchauffement climatique, cela va devenir compliqué de faire du maïs ». De nouveaux itinéraires techniques, voire de nouvelles réorientations d’exploitations vont être nécessaires pour faire face à la récurrence de ces épisodes de sécheresse.
Changer son système ?
C’est ce que réalise Camille Proust sur son exploitation arboricole de 21 ha, située à Saint-Rémy-la-Varennes. Il convertit une partie de son verger en vignoble, afin de pouvoir continuer à irriguer les arbres restants. « Je suis en système de goutte à goutte, j’utilise peu d’eau. Donc pour l’instant ça va, les réserves tiennent le coup, notamment grâce à l’hiver pluvieux », observe-t-il. L’arboriculteur arrose la nuit, et surveille de très près le moindre souci dans son système d’irrigation. « On n’a pas eu d’eau en juillet, et à peine 40 mm en juin », déplore-t-il. Ce dernier a un temps envisagé d’effectuer un forage ou de créer une autre réserve hivernale : « trop compliqué administrativement et trop cher ». C’est pour cela qu’il s’est mis à augmenter la taille de son vignoble, moins gourmand en eau. « C’est dommage car les pommes étaient superbes. Là, ce sera moins bon qu’espéré ». Avec le réchauffement climatique, fréquence et intensité de la sécheresse seront dangereusement augmentées. Dès lors, repenser les exploitations devient une nécessité.