Emploi
L’agriculture au cœur des territoires ruraux : leur moteur économique ?
La FNSEA tiendra un colloque régional le 30 octobre, à Vallet (Loire-Atlantique), intitulé “Ruralité, compétitivité : comment répondre aux enjeux de l’emploi agricole”.
Ruralité, compétitivité : deux mots que la FNSEA lie étroitement au rôle que l’agriculture a sur l’emploi dans les territoires ruraux. Claude Cochonneau, président de la commission “emploi” de la FNSEA, s’en explique.
Pourquoi la FNSEA a-t-elle choisi d’interpeller les agriculteurs sur ces questions de la ruralité et de la compétitivité ?
Claude Cochonneau : Pour la FNSEA et son réseau local, cette journée de débats s’adresse aux employeurs agricoles et plus généralement aux agriculteurs qui sont tous confrontés à la question de l’emploi, y compris lorsqu’il s’agit de faire appel au Service de remplacement ou à un groupement d’employeurs. Le développement de l’emploi dans les exploitations agricoles est une réalité quotidienne pour les agriculteurs. Pourtant, encore trop souvent, l’agriculture est écartée des débats lorsqu’on parle d’emploi. Rappelons que le travail de la FNSEA et de son réseau est de porter la parole de 450 000 agriculteurs dont plus de 135 000 sont employeurs. N’oublions pas que les agriculteurs emploient sur une année plus d’un million de salariés. Porter la parole de tous ces agriculteurs et de tous ces employeurs, la FNSEA y travaille quotidiennement auprès des pouvoirs publics, de Bruxelles mais aussi des autres branches. Notre message : l’agriculture est au cœur des territoires ruraux et ces emplois ne sont pas délocalisables. Qu’avons-nous obtenu ces dernières années en faveur des employeurs agricoles ? Qu’avons-nous encore à obtenir ? 2012 est une année charnière, entre deux législatures : c’est le bon moment pour la FNSEA de dresser ce bilan avec les employeurs et 15 colloques se tiendront dans toute la France cet automne.
Quel est ce bilan ?
L’agriculture est un secteur d’activité économique à part entière. Il a besoin de salariés, qualifiés ou saisonniers : nous devons réunir les conditions pour répondre à ce besoin mais nous ne pouvons pas ignorer la compétition européenne et internationale dans laquelle nos exploitations sont engagées et dans ce cadre, nous devons attirer les compétences et en même temps dégager les marges de manœuvre nécessaires à notre compétitivité. C’est dans ces deux directions que nous agissons. Comment attirer vers nos exploitations des salariés qui aspirent à une situation comparable avec celle des salariés des autres secteurs ? Pour attirer, nous utilisons les ressorts de la formation professionnelle : Adema (Accès des demandeurs d’emploi aux métiers de l’agriculture) , POE collective (Préparation opérationnelle à l’emploi), ceux de la communication : sur les métiers agricoles, souvenez-vous des “métiers à la mode”, vous verrez bientôt une nouvelle campagne. L’agriculture a aussi développé ses propres moyens de mise en relation employeur-demandeur d’emploi au travers de la bourse d’emploi de l’Anéfa. Elle a également été pionnière dans le partage des emplois au travers de la formule du groupement d’employeurs.
Les métiers agricoles ont parfois une image dégradée et au-delà des campagnes de communication que la FNSEA impulse, comment faites-vous pour permettre aux entreprises d’attirer des salariés ?
Nous avons le souci effectivement d’améliorer le statut des salariés agricoles et d’assurer des conditions favorables d’accès aux emplois agricoles. Cet objectif, nous le conduisons au travers d’un dialogue social dynamique et constructif. Pas moins de 150 conventions collectives sont négociées pour la production agricole. Par ce biais, les salariés bénéficient de salaires qui augmentent régulièrement. Ils profitent également d’accords nationaux. Après un an dans nos exploitations, les salariés ont une complémentaire santé pour moins de 30 € par mois et une couverture des risques lourds : longue maladie, décès. L’amélioration des conditions de travail, la prévention de la pénibilité, la place des seniors, celle des salariés de nos groupements d’employeurs, sont autant d’aspirations que nous avons pris en compte dans des accords avec nos partenaires sociaux.
Pourquoi axer les enjeux de l’emploi agricole sur la ruralité ?
Certes, les employeurs peuvent ajuster le temps de travail sur les contraintes des variations de production. Tous les dispositifs d’aménagement du temps de travail sont utilisables par les entreprises, y compris pour les salariés saisonniers : modulation des heures de travail sur tout ou partie de l’année, si on ne veut pas payer les heures supplémentaires ou, au contraire, mise en place des forfaits d’heures supplémentaires quand on souhaite les proposer aux salariés. Mais de nouvelles contraintes d’organisation du travail apparaissent qui sont propres à la localisation de nos activités. La ruralité renvoie aux problèmes de déplacement des salariés de leur domicile vers nos entreprises, de logement aussi dans les communes rurales et les couronnes des centres urbains et plus largement des services ou de la qualité de vie qu’elles proposent. Il nous faut concevoir des dispositifs qui faciliteront les déplacements là où les transports collectifs sont insignifiants ou alors qui faciliteront le logement des salariés dans les territoires ruraux. Ces colloques sont pour la FNSEA une occasion d’expliquer son travail de représentant des employeurs agricoles qui l’amène à chercher le juste équilibre entre le développement de l’emploi dans nos entreprises, condition sine qua non à une agriculture ancrée dans les territoires et productive, et la compétitivité de nos productions sur des marchés européens et mondiaux.
Propos recueillis
par Franck Parnaudeau
RENDEZ-VOUS
Le colloque de la FNSEA se tiendra le 30 octobre, à Vallet (Loire-Atlantique) à l’intention des employeurs agricoles de la région. Chefs d’entreprise, responsables et élus diront comment répondre aux enjeux de l’emploi agricole marqué par la ruralité et le besoin de compétitivité. De 9 h 30 à 16 h 30, salle Le Champilambart, inscriptions : www.colloquesemploi.fr.
POE
Préparation opérationnelle à l’emploi
Dans le cadre de futurs recrutements, la POE permet la mise en place d’une formation de préparation à la prise de poste, élaborée avec l’employeur, en vue de trouver le ou les candidats correspondant exactement au profil de poste défini. Le candidat ainsi formé sera directement opérationnel à l’emploi proposé. En contrepartie, une aide au financement de la formation sera versée par Pôle emploi ou le Fafsea* si le demandeur d’emploi est embauché à l’issue de la POE.
L’emploi proposé doit être, soit un CDD d’au moins 12 mois, un CDI, un contrat de professionnalisation d’une durée minimum de 12 mois, ou un contrat d’apprentissage.
Tout employeur peut recourir à la POE avant une embauche si le demandeur d’emploi pressenti a besoin d’un complément de formation (formation d’une durée maximale de 400 heures). L’offre d’emploi doit être déposée auprès de Pôle emploi.
La POE peut être individuelle mais également collective : dans ce cas, la POE permettra à plusieurs demandeurs d’emploi d’acquérir les compétences nécessaires pour occuper des emplois correspondant à des besoins identifiés par la profession.
*Fonds de formation des salariés des exploitations et entreprises agricoles.
Adéma
Faire découvrir les métiers
de l’agriculture aux demandeurs d’emploi
Parce que l’agriculture a d’importants besoins en main d’œuvre salariée, tant pour pourvoir des emplois qualifiés permanents que pour des activités saisonnières, les partenaires sociaux de la région se mobilisent. Il s’agit de permettre aux demandeurs d’emploi, inscrits à Pôle emploi, indemnisés ou non, et qui ne connaissent pas les métiers et les activités agricoles et du paysage de les découvrir. Plusieurs centres de formation agricole sont agréés pour permettre l’accès à ce dispositif. La délégation régionale du Fafsea peut renseigner.
Plus d’infos sur fafsea.com/adema