Débat
Les producteurs de lait débattent sur la contractualisation
Près de 200 personnes ont participé le 5 novembre à la journée organisée par la FDL, avec Henri Brichart, président de la FNPL et Dominique Chargé, secrétaire général de la FNCL.
de l’ambiance d’écoute de cette rencontre.
Beaucoup de questions ont été posées lors de la journée laitière de la FDL. Quelle nouvelle forme de régulation, d’organisation va pouvoir remplacer les quotas ? Quelles nouvelles relations vont s’instaurer entre producteurs et transformateurs ? Quelle référence laitière pour les jeunes qui veulent s’installer ? Qu’entend-on par contractualisation ?
Mais au-delà de toutes ces interrogations, la certitude pour les intervenants est qu’il ne faut pas rester les bras ballants devant les changements qui s’imposent à la filière, conséquences de choix européens. « Le pire, au-delà du désencadrement des marchés et de la suppression des quotas, serait de ne rien faire, a souligné Dominique Chargé, de la FNCL (Fédération nationale des coopératives laitières). Notre rôle est de retrouver de la sérénité ». « Nous devons chercher des solutions ensemble, et non des bouc-émissaires ailleurs», a renchéri Christiane Lambert, présidente de la FDSEA. « Le mal qui guette la profession laitière est la division », a-t-elle ajouté, faisant allusion à la cinquantaine de manifestants qui s’étaient rassemblés à la porte de la salle Beausite, à Saint-Georges-sur-Loire, sous la bannière de l’Apli-EMB, et qui ont été maintenus à l’extérieur, afin que la réunion puisse se poursuivre.
À l’intérieur, une bonne partie des débats s’est portée sur la contractualisation, présentée non pas comme la solution à tous les problèmes mais comme une des voies d’avenir à explorer pour la production. Une occasion de repréciser le terme beaucoup galvaudé ces derniers temps. D’abord, il s’agira d’une contractualisation « collective », a martelé Henri Brichart.
« L’éleveur ne doit pas se retrouver seul devant une entreprise. Et si l’on ne veut pas voir réapparaître des propositions de contrats inacceptables comme celles qui ont été faites par des entreprises dans certaines régions, le meilleur moyen est de nous en occuper nous-mêmes ». C’est l’interprofession qui définira les lignes directrices de cette contractualisation. Elle devra être accompagnée de la création d’une commission d’examen des bonnes pratiques contractuelles, en cas de litiges à régler.
De son côté, Dominique Chargé, avant de présenter le projet des coopératives, a tenu, lui aussi, à dissiper les doutes : non, la contractualisation n’est pas synonyme d’intégration : « Je suis désolé de tout le trouble jeté sur le terrain par rapport au détournement intellectuel de ce que nous proposions ». La FNCL propose une contribution au débat interprofessionnel, issue d’une réflexion de plusieurs années. Elle s’est fixée trois objectifs : amortir la volatilité des cours mondiaux en l’encadrant, limiter la perte de valeur liée à l’excédent de lait, maintenir une présence des éleveurs sur le territoire. Le projet distingue deux grands types de débouchés, les produits valorisants ou PGC (Produits de grande consommation) dits volume “A”, les produits de dégagement beurre-poudre, dits volume “B”. « Une des conditions de la réussite sera une interprofession forte », a souligné Dominique Chargé. La FNPL, quant à elle, est réservée sur le projet des coopératives. « Nous n’avons pas tranché », a précisé Henri Brichart. Le syndicat reste vigilant sur la question de l’étanchéité des volumes de lait : « Si on nous achète du lait au prix beurre poudre, qu’est-ce qui nous garantit que l’entreprise ne s’en serve pas pour élaborer des produits transformés ? » Il faut aussi trouver une soultion face à la concurrence possible entre producteurs livrant à des entreprises aux mix-produits très différents. « Nous entrons dans un monde nouveau plus volatile. Il faut en limiter les effets négatifs pour les producteurs en bâtissant un nouveau relationnel entre les producteurs et les entreprises, et adopter de nouvelles attitudes sur nos exploi-tations, a conclu Henri Brichart. Les courbes de prix des marchés internationaux qui se redressent doivent nous donner un courant d’optimisme. ».
S.H.