Pourquoi la ferme expérimentale de Thorigné-d'Anjou s’intéresse à la race angus
Prisée des consommateurs pour le persillé de sa viande, la race d’origine écossaise angus (ou aberdeen angus), suscite aussi l’intérêt de plus en plus d’éleveurs. La ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a lancé un programme de croisement pour des raisons techniques bien précises.
Prisée des consommateurs pour le persillé de sa viande, la race d’origine écossaise angus (ou aberdeen angus), suscite aussi l’intérêt de plus en plus d’éleveurs. La ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a lancé un programme de croisement pour des raisons techniques bien précises.
Les robes noires des croisés angus vont se mêler désormais aux robes rousses des limousines à la ferme expérimentale de Thorigné-d'Anjou, dans le Maine-et-Loire. Pourquoi cette nouveauté ? « La race parfaite n’existe pas. Nous avons de la chance d’avoir de très belles limousines sur la ferme. Mais il s’avère très compliqué, au sein d’une même race, d’avoir du potentiel laitier, du gabarit, de la conformation, des qualités maternelles, des aptitudes au vêlage et de la précocité, que l’on entend ici par la capacité à aller déposer du gras rapidement...», a expliqué Julien Fortin, responsable de la Ferme expérimentale de Thorigné, dans un Facebook live du 14 avril, pour éclairer sur la nouvelle orientation de la ferme. L’introduction de la race angus fait suite à une réflexion technico-économique : « même s’il y a un engouement important autour de la race en ce moment, ce choix ne répond pas uniquement à un effet de mode », précise l’ingénieur.
De plus en plus de concentrés consommés
Un constat a nourri la réflexion : « sur la ferme, les durées de finition des animaux et de consommations de concentrés ont augmenté de façon significative au cours des 20 dernières années et cela amène des interrogations assez fortes sur l’efficience économique », explique son collègue Bertrand Daveau. Les animaux finis à Thorigné sont de plus en plus lourds. On peut se demander si ces animaux sont encore en adéquation avec l’aval, qui recherche des carcasses plus légères, notamment pour la vente en barquette. Ces animaux correspondent-ils aux aspirations des consommateurs qui recherchent en priorité des animaux au pâturage ?
Une race précoce et de petit gabarit
C’est dans ce contexte que la ferme s’est intéressée à l’angus, « une race précoce et de petit gabarit », résume Julien Fortin. Elle doit contribuer à répondre aux objectifs fixés : diminuer les durées de finition, améliorer l’efficience alimentaire, produire une viande qui corresponde aux attentes sociétales.
Pas de remise en cause du troupeau souche
Un taureau angus, aux origines anglo-saxonnes, est donc arrivé sur la ferme, en avril 2019. Il est utilisé uniquement sur des génisses, pour un premier vêlage à 24 mois et pour du croisement terminal. « Tous les produits, bœufs et génisses, nés croisés, seront destinés à la vente et ne seront pas remis à la reproduction », précise ainsi Julien Fortin. Ces animaux seront finis à 24 ou 27 mois, pour un objectif de poids de carcasse de 350 à 400 kg.
A Thorigné, l’introduction de l’angus se fait donc sans remise en cause du troupeau souche, 100 % limousin. Le renouvellement limousin se fera désormais à partir des filles des multipares.
Il y a aujourd’hui neuf veaux angus croisés sur la ferme expérimentale. Sept d’entre eux, nés ce printemps, sont des produits du taureau. Deux autres, nés à l’automne 2019, sont issus d’insémination : avant même l’arrivée du taureau angus, deux génisses avaient en effet été inséminées à l’automne 2018. Les premiers résultats détaillés sur les animaux croisés sont attendus pour 2022.
S.H.