Productions végétales spécialisées : le tabac lié au débouché des bars à chicha
Cette année, des incertitudes ont pesé jusqu’en août sur la commercialisation du tabac, en raison du Covid-19.
Cette année, des incertitudes ont pesé jusqu’en août sur la commercialisation du tabac, en raison du Covid-19.
Il ne reste plus qu’une petite dizaine de producteurs de tabac en Maine-et-Loire, pour une soixantaine d’hectares. La majorité livre sa production à la coopérative nationale CT2F (Coopérative tabac feuilles de France). Depuis quelques années, « on perd tous les ans des producteurs, explique Pascal Socheleau, producteur de tabac à Chemillé-en-Anjou et secrétaire de CT2F. Les raisons en sont diverses, les départs à la retraite, le manque de rentabilité, les contraintes liées au travail estival, la difficulté à trouver de la main-d’œuvre et aussi les dégâts causés par l’orobanche, parasite de la plante de tabac... ».
Un tabac irrigué pour de belles performances
Chez Pascal Socheleau, au Gaec de la Legeardière, il se fait du tabac depuis 1947. L’agriculteur n’est pas prêt à lâcher cette production, qui dégage un produit brut à l’hectare intéressant et est complémentaire de la production laitière. La ferme a amorti son matériel et affiche une belle performance : 4,5 tonnes/ha de rendement l’an dernier, quand la moyenne de la coopérative est de 3 tonnes/ha. L’exploitation a planté cette année 3,20 ha. La surface est irriguée à raison de 200 à 250 mm. « Tant qu’il y a le marché, le prix et les performances, on continue », poursuit l’agriculteur.
Pourtant cette année, le marché a bien failli faire défaut en raison de la crise du Covid-19. Depuis la fermeture en 2019 de l’usine France Tabac à Sarlat (24), spécialisée dans le tabac à cigarettes, la production française s’est tournée vers un autre débouché. La coopérative travaille désormais avec deux industriels allemands, Alliance One et CNT, qui fournissent du tabac pour les bars à chichas du Moyen Orient, un marché en forte expansion. Le prix payé au producteur s’est renchéri de 50 ct/kg de tabac.
Pas un kilo de vendu début août
Mais cette année, beaucoup de bars à chicha ont fermé pour des raisons sanitaires. « En février, nous n’avions pas assez de tabac pour les clients, mais la crise sanitaire est venu mettre un coup d’arrêt aux commandes. Il y a un mois encore, nous n’avions pas un kilo de vendu à la coopérative !, explique Pascal Socheleau. Les ventes ont été finalisées il y a 15 jours ». La baisse des mises en place en France (10-15 % en moins) et dans les grands pays producteurs (Allemagne et Pologne) a sans doute permis de rééquilibrer le marché. Mais quid de l’an prochain, s’interroge Pascal Socheleau, bien conscient de la vulnérabilité d’une filière liée à un débouché unique.
S.H.