Agneau : la crainte de voir les cours s’effondrer
Alors que l’on entre dans une période de forte consommation de viande ovine, la filière subit de plein fouet la crise sanitaire.
Alors que l’on entre dans une période de forte consommation de viande ovine, la filière subit de plein fouet la crise sanitaire.
La production d’agneaux de viande fait vivre 20 000 éleveurs dans toute la France.
« La crise arrive au pire moment, pour les fêtes de Pâques, une période où les familles se réunissent et dégustent cette viande festive, le gigot ou l’épaule d’agneau. Et ensuite arrive le Ramadan, où là aussi, la consommation d’agneaux est à son pic », s’alarme Maurice Huet, président de la section ovins d’Interbev. Depuis la fin mars, les commandes se sont effondrées, entraînant des baisses de prix au niveau national. Sur un agneau de 20 kg qui se négocie habituellement autour de 120/150 euros, la baisse atteint 20 euros.
En Pays de la Loire, jusqu’ici, « le prix a été maintenu, la baisse a été moindre que sur le reste de la France », indique Marc Humeau, éleveur à La Pommeraye (49) et responsable du dossier ovins à la FDSEA et à la FRSEA. La baisse qu’il a observée se situe 40 et 60 cts d’euros par kg, selon les catégories d’animaux. « Vu la conjoncture, on s’attendait à pire ! ».
Mais le responsable professionnel s’inquiète pour les semaines à venir : « nous avons réussi à maintenir des volumes et des prix à peu près corrects, mais ma grande crainte, c’est de voir apparaître un effondrement des prix après Pâques », insiste-il. On entre en effet dans une période de très forte consommation d’agneaux, à un rythme habituel de 100 000 agneaux sortis par semaine, avec un pic de consommation attendu en général au mois de juin (consommation de grillades pour les barbecues). Or l’incertitude liée au déconfinement et au comportement des consommateurs (distanciation sociale à maintenir après la période de confinement ?) est grande.
Privilégier l’agneau français
Autre source d’incertitude, le comportement des opérateurs de la filière, alors que 60 % de l’agneau acheté en France provient de l’importation. « Si les importations continuent ou reprennent, et que la consommation ne repart pas, on va se trouver avec des volumes en trop. Les représentants des producteurs vont être très vigilants sur le comportement des opérateurs qui peuvent être tentés d’acheter des viandes étrangères à bas coûts pour “se refaire une santé” financière ».
En Pays de la Loire, la situation des éleveurs ovins est différente selon leurs débouchés. 50 % d’entre eux livrent leurs agneaux à des coopératives. La Coopération agricole a d’ailleurs lancé un appel aux consommateurs, au niveau national, à acheter de l’agneau français. Le reste des éleveurs ligériens livre à des opérateurs privés, souvent davantage tournés vers la restauration hors foyer.
Une initiative solidaire
Marc Humeau salue l’initiative d’Interbev Pays de la Loire, qui permet de montrer la solidarité du monde agricole envers le secteur hospitalier et de réaliser un déstockage. Il espère, enfin, que tous les maillons de la filière joueront le jeu pour soutenir l’élevage français. Notamment les GMS, dont certaines ont été épinglées la semaine dernière par la Fédération nationale ovine pour avoir profité des moyens mis en œuvre pour valoriser l’agneau français tout en proposant dans leurs rayons de l’agneau néo-zélandais vendu 2,5 fois moins cher...
S.H.
Des dons de viandes pour le personnel soignant
L’interprofession bétail et viande, Interbev Pays de la Loire, met en place jusqu’à la fin du confinement une opération de solidarité afin d’offrir de la viande régionale aux responsables des cuisines des centres hospitaliers de la région. Ces derniers pourront ainsi cuisiner ces viandes et préparer des plats savoureux à destination des personnels et équipes de soignants… Les premières livraisons pour 1.700 personnes se sont organisées pour cette semaine dans les hôpitaux d’Angers, du Mans, la Roche sur Yon, Laval et bientôt Nantes. D’autres suivront. En cette période pascale, la viande d’agneau sera à l’honneur, sans oublier le veau et le bœuf.