Végétal spécialisé
Le rosier bénéficie de l’engouement pour les produits végétaux
La région de Doué produit 70 % des rosiers français. Le secteur est soutenu par une forte demande. Interview de Jean-Loup Pohu, président de l’Association des rosiéristes et pépiniéristes du Bassin douessin.
La région de Doué produit 70 % des rosiers français. Le secteur est soutenu par une forte demande. Interview de Jean-Loup Pohu, président de l’Association des rosiéristes et pépiniéristes du Bassin douessin.
Comment se porte la production de rosiers ?
Le rosier bénéficie d’un vent porteur, il a rajeuni son image avec un très grand choix de variétés sur le marché, des nouveautés comme des variétés mellifères... Le marché se porte très bien depuis la fin du premier confinement, bénéficiant de l’engouement pour le végétal. 2020 a bien sûr été perturbée par la crise Covid, un certain nombre d’entreprises ont dû contracter des prêts garantie état. Mais l’interprofession FNPHP a réalisé un travail extraordinaire pour faire reconnaître les végétaux comme produits de première nécessité.
Après plusieurs années de baisse, la production s’est stabilisée et le Bassin douessin produit entre 2,5 et 3 millions de rosiers/an. La nature du marché a considérablement évolué. Avant, on vendait 60 % des rosiers sous forme de racines nues à l’automne, par lots de 10. Aujourd’hui les ventes portent essentiellement sur des rosiers recultivés en pots, vendus entre 20 et 30 euros. Ce qui signifie des cycles de cultures plus longs, plus exigeants en qualité.
Après plusieurs années de baisse, la production s’est stabilisée et le Bassin douessin produit entre 2,5 et 3 millions de rosiers/an.
Les rosiers ont-ils souffert du gel en avril ?
C’est le point noir de l’année. Nous avons subi 7 jours de gel à un moment où les greffes étaient encore fragiles. Nos adhérents sont touchés de manière assez disparate et une évaluation est en cours, avec la DDT, pour un classement en calamités agricoles. Nous en saurons davantage fin juillet. Sur mon entreprise, les Pépinières Chastel, certaines parcelles sont touchées à 40 %.
La hausse du coût des matières premières vous impacte-t-elle ?
Oui, elle impacte tous les produits dérivés, avec + 25 % sur les pots de plastique, + 15 % sur les box en bois pour l’expédition des rosiers, + 40 % sur les chromos en plastique.... Il y a des hausses également sur les tuteurs en bambous et les substrats. Nous allons répercuter ces hausses auprès de nos clients horticulteurs et pépiniéristes.
Sur un plan structurel, quelles sont les problématiques auxquelles la profession doit faire face ?
La difficulté à trouver de la main-d’œuvre. Nous sommes perpétuellement à la recherche de salariés, aussi bien permanents que saisonniers, et cela devient un facteur limitant pour le développement des entreprises.
Le secteur est confronté aussi à la problématique du renouvellement des générations, puisque des entreprises cessent leur activité sans perspectives de reprise. Nous avons aussi le souci du foncier, puisque nous devons disposer de beaucoup de surfaces disponibles pour nos rotations. Après deux ans de culture, les terres doivent se reposer 8 à 10 ans, pendant lesquels elles sont cultivées en céréales. Tout cela fait que nous avons une demande importante aujourd’hui, sans réelle possibilité d’augmenter les volumes produits !
Et sur l’aspect sanitaire ?
Nous devons faire face une raréfaction des solutions phytosanitaires. Etant donné que nous sommes un marché de niche dans le monde du végétal, un certain nombre de produits phytos sont utilisables en vigne et pas en rosiers car les industriels ne paient pas pour obtenir des homologations pour nos cultures. Dans ce contexte, nous devons faire évoluer nos méthodes, nous devons de plus en plus sélectionner des variétés plus résistantes aux maladies, en particulier fongiques. C’est pourquoi nous travaillons à cette sélection, en testant des variétés qui nous sont confiées par les obtenteurs à un stade final. Nous travaillons aussi en lien avec l’Inrae d’Angers, qui est spécialisé dans la recherche sur le rosier.
Nous essayons également de prendre la main sur la création variétale. Avec 7 pépiniéristes de la région, nous avons fondé la structure d’édition de variétés Sélect’Roses. Elle a déjà lancé 3 variétés, la Remember, sortie pour les 75 ans du Débarquement, la Terra Botanica, créée pour les 10 ans du parc et Parfum de Loire, qui a la couleur d’un Rosé de Loire, créée en collaboration avec les viticulteurs. à travers ces variétés douessines, nous cherchons à créer la différence sur un marché européen de la rose très concurrentiel.