Un quinoa angevin sans résidus de pesticides
Dix ans après sa création, Quinoa d’Anjou vient d’être labellisé “Zéro résidu de pesticides”. Parce que ses agriculteurs produisent depuis longtemps sans désherbant chimique, et qu’ils souhaitent le faire savoir.
« J’ai semé plus tard cette année, fin mars, pour permettre aux pousses de quinoa de coloniser le sol plus vite et d’étouffer les adventices », confie l’agriculteur.
Les Français consomment environ 10 000 tonnes de quinoa par an. Un marché de niche avec ses épiceries spécialisées, ses tables prestigieuses et ses restaurants collectifs (de plus en plus).
Les deux tiers du quinoa disponible dans l’Hexagone sont importés de Bolivie et du Pérou, tandis que le restant, en quasi-totalité, est produit en Anjou. Plus précisément dans le Baugeois, où les agriculteurs sont habitués à travailler les « petites graines » atypiques. « Nous sommes aujourd’hui 300, avec une surface moyenne de 7 à 15 ha par exploitation », rapporte Anthony Lascaud, céréalier sur 260 ha à Meigné-le-Vicomte, l’un des pionniers de l’implantation du quinoa en Maine-et-Loire.
La filière a vu le jour en 2009. Fruit d’un partenariat entre la CAPL et Jason Abbott, économiste né aux Etats-Unis mais Angevin d’adoption.
Les rendements oscillent entre 500 kg et 1,5 t/ha. Certaines années, il n’y a tout simplement pas de récolte. « Produire du quinoa, c’est risqué », résume Anthony Lascaud. La pression des punaises, et surtout la concurrence des adventices, sont féroces. Pourtant, depuis 10 ans les quinoas d’Anjou sont obtenus sans herbicide : « on n’a pas eu le choix : les matières actives les tueraient », révèle Anthony Lascaud. Et avec le strict minimum d’insecticide naturel, c’est-à-dire un traitement à base de pyrèthre avant floraison.
De cette fragilité originelle, les promoteurs du quinoa d’ici ont voulu faire une force, prenant acte de leur statut de précurseurs en matière de réduction des intrants par une démarche de qualité, de traçabilité et d’information du consommateur. Quinoa d’Anjou a rallié le collectif aquitain Nouveaux Champs, pour apposer d’ici à la fin 2019 le label “Zéro résidu de pesticides” (ZRP) sur ses emballages. Les lots en vrac seront également éligibles, jusqu’au stade de l’ouverture du sac en magasin. « Les producteurs vont être audités, bien sûr, mais aussi ceux de nos partenaires transformateurs et distributeurs qui voudront adhérer à la certification. 10 % des volumes empaquetés, et 20 % du vrac devraient être concernés », annonce Arthur Nicolas.
Plus de 250 molécules seront pistées en laboratoire. « On se fixe même comme objectif d’être en-dessous des limites de quantification de résidus. ZRP comporte une obligation de résultats, et pas seulement de moyens », reprend le responsable CAPL. Qui ne s’en cache pas : « un lourd travail de sensibilisation nous attend, notamment auprès des exploitants ». Car les moissonneuses et autres faucheuses-andaineuses, qui seront passées avant sur les champs de blé ou de colza traités, devront être scrupuleusement nettoyées. Idem pour les hangars, les silos, etc. Bref, une chasse impitoyable aux contaminations croisées et rémanences de substances dans le sol - selon les phytos appliqués sur les cultures voisines. « Le moindre lot suspect sera détruit, et la parcelle d’origine arrachée », appuie Arthur Nicolas.
Condition sine qua non pour permettre à Quinoa d’Anjou de réussir son pari : amener les industriels français à se fournir exclusivement en produit domestique de qualité, traçable d’un bout à l’autre du process.